L'Algérie ne pouvait espérer meilleur interlocuteur que François Hollande Le chef de l'Etat français compte s'entretenir de vive voix avec Abdelaziz Bouteflika à propos des sujets qui fâchent et de ceux d'avenir qui doivent constituer le socle d'un partenariat d'exception appelé de tous ses voeux par le président algérien. Le successeur de Nicolas Sarkozy est décomplexé par rapport à la Guerre d'Algérie. «Le 5 juillet 2012, l'Algérie célèbre la fin de son long combat pour l'indépendance... en ce cinquantième anniversaire de la naissance de la République algérienne démocratique et populaire, les Français s'associent à l'émotion de tous les Algériens», a écrit le président français dans une lettre envoyée au chef de l'Etat. L'Algérie ne pouvait espérer meilleur interlocuteur que François Hollande pour crever tous ces abcès, ces blessures qui ont rendu claudicantes les relations franco-algériennes. Le président français n'a pas raté l'occasion que lui a offert la célébration du Cinquantenaire de l'Indépendance de l'Algérie pour réitérer sa volonté de gommer tous les malentendus hérités du précédent quinquennat. Le nouveau locataire de l'Elysée donne l'impression de vouloir tout bousculer. Il fonce. Comme pour rattraper le temps perdu. L'ex-premier secrétaire du Parti socialiste français veut des relations de premier ordre entre Alger et Paris mais aussi entre les peuples algérien et français. François Hollande a saisi la perche que lui a tendue Abdelaziz Bouteflika. «Seule une lecture objective de l'Histoire, loin des guerres mémorielles et des enjeux conjoncturels, est à même d'aider les deux parties à transcender les séquelles du passé douloureux pour aller vers un avenir où règnent confiance, compréhension, respect mutuel et partenariat bénéfique», avait déclaré le premier magistrat du pays dans un discours prononcé à l'occasion de la commémoration du 67e anniversaire des massacres du 8 Mai 1945. Message reçu cinq sur cinq. «J'ai bien entendu votre appel, le 8 mai dernier, à une lecture objective de l'Histoire, loin des guerres de mémoire et des enjeux conjoncturels... Français et Algériens partagent une même responsabilité, celle de dire la vérité. Ils le doivent à leurs aînés mais aussi à leur jeunesse», lui a répondu M.Hollande dans un message adressé au président de la République à l'occasion de la célébration du Cinquantenaire de l'Indépendance de l'Algérie. La question de la repentance sera-t-elle abordée? Le président français, sans la nommer, démontre qu'elle ne constituera pas un obstacle pour que la France et son ancienne colonie puissent regarder l'avenir ensemble et avec sérénité. «La France considère qu'il y a place désormais pour un regard lucide et responsable sur son passé colonial si douloureux et en même temps un élan confiant vers l'avenir... Notre longue histoire commune a tissé entre la France et l'Algérie des liens d'une densité exceptionnelle. Nous devons aller ensemble au-delà pour construire ce partenariat que vous appelez de vos voeux», a souligné François Hollande qui mise sur les générations futures pour écrire une nouvelle page enfin apaisée des relations franco-algériennes. «Je pense à la jeunesse et à ce que nous pouvons faire dans le domaine de la formation et l'enseignement supérieur. Je pense aussi à notre coopération scientifique et à nos échanges économiques qui doivent être renforcés...» ne coopération que revendiquent des hommes et femmes des deux côtés de la Méditer-ranée et qu'ils auront l'insigne honneur de promouvoir. Des Français ont donné leur vie pour l'indépendance de l'Algérie. La communauté algérienne installée en France est estimée à quelque 4 millions de personnes dont bon nombre d'entre eux jouissent de la double nationalité. Certains siègent dans les assemblées élues, font des carrières de hauts fonctionnaires ou participent tout simplement à l'essor de l'économie du pays qui les a vu naître ou qui les a accueillis tandis que d'autres ont été nommés pour faire partie du gouvernement de la République française. Ce sont eux qui feront demain le trait d'union, qui constitueront la passerelle, entre les deux berges de la Méditerranée...