Le médicament, une grosse affaire dans notre pays Que se passe-t-il dans le secteur de la santé? Le département de Djamel Ould Abbès est-il à ce point boiteux dans son fonctionnement? Ces derniers temps ont lieu des trafics et autres pratiques douteuses. L'on évoque à ce titre la livraison à titre de «dons gracieux» de lots entiers de médicaments destinés au traitement des reins au profit d'établissements de santé nationaux. En effet, des sources proches des milieux hospitaliers font part de ce procédé, pourtant catégoriquement rejeté par la réglementation des pharmacies des hôpitaux. De grands laboratoires étrangers seraient derrière ces curieux procédés. Ainsi, un produit stratégique pour dialysés, en l'occurrence l'Erythropoïétine Bêta, une hormone pour insuffisants rénaux, aurait été au centre d'une polémique à l'EHS de Constantine lequel a été dernièrement destinataire de quelque 3000 doses de cet agent stimulant pour les malades du rein. Le produit en question voyait alors sa date de validité expirer en plein mois de juillet. Selon les blouses blanches, le recours des laboratoires à la méthode du don s'avère être un stratagème qui leur permet une conséquente économie d'argent en leur évitant le rapatriement des produits pharmaceutiques, périmés à leur pays d'origine. En outre, ce système les préserve de toutes les dépenses qu'ils auraient à subir s'il venaient à incinérer lesdits médicaments non valides. Même si les responsables locaux de l'EHS s'en lavent les mains, cette transaction peu orthodoxe renseigne sur la volonté de ces multinationales du médicament de faire de nos hôpitaux de véritables dépotoirs, avec à la clé de substantielles exemptions d'impôts. La belle affaire! Même si celle-ci a créé un tollé, avec force rapports adressés au département de la santé, de la population et de la réforme hospitalière, il va sans dire que les laboratoires n'hésitent pas à recourir à moult stratagèmes en vue d'acquérir la confiance de leurs premiers clients, à savoir les praticiens qu'ils convient à des congrès mondiaux et autres séminaires avec de totales prises en charge et de massives invitations. Le renvoi d'ascenseur consistant plus tard en la formulation écrite d'une demande de médicaments produits par le «généreux laboratoire». Rappelons qu'un laboratoire étranger a adressé à un grand hôpital algérois, et ce pas plus tard que l'année passée, un container entier de médicaments sous forme de don. Ces médicaments étaient quasiment périmés. Fort heureusement, le don a été catégoriquement refusé et les représentants dudit laboratoire se sont vu rabroués manu militari. Il faut dire que la pénurie de médicaments et l'indisponibilité des molécules pour les maladies graves et chroniques, particulièrement, ont fait le lit de ces travers qui ont même donné lieu au commerce informel du médicament. La filière de l'importation du médicament est également une cause possible du phénomène des ordonnances gonflées qui accablent la Cnas. L'on impute en fait ce problème aux importateurs et aux distributeurs de médicaments qui sont censés assurer une disponibilité permanente de produits moins onéreux et indispensables aux traitements prescrits, tout en encourageant la production nationale. «C'est à cette condition seulement que l'on pourra agir efficacement sur le coût des dépenses liées à la consommation des médicaments. Même s'il y a disponibilité de génériques à la portée des bourses moyennes, certains pharmaciens n'offrent généralement que les produits dont la marge bénéficiaire est plus élevée», souligne-t-on. Devant ce constat dramatique, des régions entières du Sud algérien continuent à accuser une carence en encadrement paramédical et en médecins de garde. Ceci est particulièrement vrai pour la région de Laghouat où les habitants de la commune de Hassi Dalâa, éloignée de quelque 130 km du chef-lieu de wilaya, et dont la polyclinique fonctionne sans permanence nocturne vivent cette pénible situation. Ce manque d'encadrement a été récemment aggravé par la récente démission de cinq médecins sur un total de huit. Les habitants de cette commune sont les seuls à pâtir de cette situation dramatique surtout qu'un autre médecin est présentement en congé de maladie.