«Le bien est de plomb, le mal est de plume.» Proverbe arabe L'affaire Merah qui avait tant fait couler d'encre avant la présidentielle française en mars dernier, a connu ce dimanche un nouvel épisode après la diffusion des extraits audio des négociations entre la Dcri et «le tueur au scooter» pendant le siège de son appartement toulousain. Dans ce document diffusé en exclusivité sur TF1, le téléspectateur a pu découvrir, l'espace de plusieurs minutes, comment le Raid et Mohamed Merah avaient tenté de trouver un accord. Le tueur présumé de sept personnes, dans la région de Toulouse, semble détendu et se confie sans difficultés tout en restant déterminé. De nombreuses réactions ont commencé à pleuvoir après la diffusion des extraits sonores. L'actuel ministre français de l'Intérieur, Manuel Valls a regretté la diffusion de ces enregistrements au moment même où la justice est saisie. Même réaction de l'ex-ministre de l'Intérieur et de certains responsables. Mais c'est la famille des victimes de l'école juive qui a surtout violemment dénoncé cette diffusion. Même le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), qui est présenté comme le gendarme de l'audiovisuel en France a déconseillé aux chaînes de rediffuser les extraits en question. Dans un pays des droits de l'homme, la liberté d'expression est conditionnée par certains lobbys invisibles. Désormais, TF1 est seule contre tous. Aucune autre télévision n'a accepté de rediffuser les extraits sonores de Merah. Des extraits sonores qui avaient été déja annoncés par l'avocate du père de Merah. Comment ces extraits sont-ils tombés dans la boite de TF1?. Pour répondre à la polémique, TF1 a déclaré par la voix de Catherine Nayl, sa directrice de l'information, que les extraits des enregistrements, diffusés dans l'émission Sept à huit, avaient, avant tout, une «valeur informative», et contenaient «des informations très importantes sur la façon dont les hommes du Raid ont négocié». De son côté, Emmanuel Chain, producteur de l'émission Sept à huit, avait déjà expliqué avoir «beaucoup réfléchi», et «avoir agi en responsabilité» pour diffuser le document. La Société des journalistes (SDJ) de TF1 a apporté son soutien à l'émission Sept à huit, affirmant dans un communiqué «ne pas être choquée» par la diffusion de ces images, contrairement au CSA et son président Michel Boyon qui a jugé inacceptable «qu'on puisse se moquer ainsi de la douleur des familles». L'Inspection générale de la police nationale (Igpn), la «police des polices», a été chargée de mener une enquête sur la diffusion de ces enregistrements faite dimanche par TF1, qui les a néanmoins retirés de son site Internet. De leur côté, les proches des victimes de Mohamed Merah ont dénoncé cette diffusion et ont dit vouloir saisir la justice en urgence, afin d'obtenir l'interdiction de toute diffusion de ces enregistrements. Pourquoi TF1 a été la seule télévision française à accepter de diffuser ces images? C'est la question qu'il faut désormais se poser, alors que France 2 a été la première télévision à montrer les images de Mohamed Merah. TF1, qui a toujours été proche de l'Elysée, de la place Beauvau et même du Quai d'Orsay, se retrouve plus proche des gens de Barbès, puisque les socialistes au pouvoir ont choisi France Télévisions, comme média par excellence. TF1 est devenue une télévision de l'opposition donc aucune pression des autorités locales. Al Jazeera, qui détient une copie des vidéos des crimes de Merah, mais qui ne les a jamais remis à la justice française, pourrait faire de même si la vision de la France changeait sur le Qatar. [email protected]