La diffusion par une télévision française d'extraits de discussions entre le tueur Mohamed Merah et la police française qui l'assiégeait a suscité lundi la colère des famille des victimes, la chaîne se justifiant en mettant en avant leur rôle informatif. TF1 a diffusé dimanche soir ces extraits où l'on entend expliquer ses crimes d'un ton posé ce Franco-Algérien de 23 ans, qui a abattu entre le 11 et le 19 mars à Toulouse et Montauban (sud-ouest) trois militaires d'origine maghrébine et quatre personnes de confession juive, dont trois enfants. "On comprend parfaitement le choc et la violence pour les familles des victimes d'entendre la voix de celui qui a assassiné un des leurs", a expliqué la directrice de l'information du groupe TF1, Catherine Nayl. "Mais nous l'avons fait en conscience parfaite de ce que cela pouvait avoir comme valeur informative", poursuit-elle. Ces extraits datés des 21 et 22 mars contenaient "des informations très importantes sur la façon dont les hommes du Raid (police d'élite) ont négocié" durant le siège de son appartement à Toulouse qui a duré 32 heures, a-t-elle justifié. "Je pense que ce document prouve que jusqu'au bout (...), les négociateurs ont essayé d'arrêter Mohamed Merah, et de l'arrêter vivant" avant finalement qu'il ne soit abattu le 22 mars lors de l'assaut de l'appartement, a-t-elle poursuivi. "On comprend dans ce document aussi que Mohamed Merah, avec un sang-froid et une détermination absolue (...), s'est construit un personnage", ajoute-t-elle. Dans ces enregistrements, Merah affirme être prêt à poursuivre dans sa folie meurtrière, assure être en liens avec Al-Qaïda et le grand banditisme, parle de ses voyages en Afghanistan et au Pakistan, et explique comment il a trompé la vigilance des services de renseignements qui le surveillaient. A un agent de la Direction centrale des renseignements intérieurs (DCRI) rencontré au retour d'un de ses voyages au Pakistan, il dit: "Quand tu m'as convoqué, quand j'étais dans vos bureaux, j'étais en contact avec eux (les membres d'Al-Qaïda, ndlr), je les avais trouvés (...) Je crois que c'est une des plus grandes erreurs de ta carrière."