Ils persistent et signent Ils veulent montrer à l'Algérie entière l'ampleur de la répression et le mépris dont ils font l'objet. Pourquoi pousse-t-on au pourrissement? A cette allure, le conflit qui oppose le corps de la Garde communale au ministère de l'Intérieur ne risque pas de trouver une solution! Les gardes communaux veulent montrer à l'Algérie entière l'ampleur de la répression et le mépris dont ils font l'objet. Inscrivant dans la continuité leur mouvement de protestation, hier, des dizaines de gardes communaux ont observé des rassemblements devant les sièges des wilayas à travers le territoire national pour exiger la vérité et l'ouverture d'une information judiciaire à propos du décès de leur collègue Lasfar Saïd, survenu jeudi dernier dans un hôpital de Khemis Miliana dans la wilaya de Aïn Defla. A Sétif, Relizane, Bordj Bou-Arréridj, El Tarf, Tipasa, Aïn Defla, M'sila, Tiaret, Medéa, Guelma, Khenchela, Souk Ahras et Batna, ils étaient au rendez-vous pour dénoncer également le silence des autorités au sujet de leur plate-forme de revendications. Lahlou Aliouat, délégué national de la Garde communale, a tenu à préciser que «les protestataires vont rejoindre ce soir, ou au plus tard demain, leurs collègues à Blida, et ce, pour entamer une autre série de protestations», indique-t-il. Selon M.Lahlou, «les rassemblements qu'observent les gardes communaux à travers plusieurs wilayas du pays sont baptisés les «sit-in d'El Karama» (dignité) en guise de solidarité avec la famille de la victime, Saïd Lasfer. En effet, depuis le lundi 9 juillet, à partir de la ville des Roses, Blida, située à 50 km plus à l'ouest, une marche des gardes communaux s'est ébranlée, avec comme point de chute le palais présidentiel d'El Mouradia. Près de 30000 gardes communaux ont battu le bitume, sous un soleil de plomb, pour protester contre un pouvoir qui les a laissés pour compte. Ces gardes communaux, oubliés de l'Etat, ont parcouru des kilomètres, avant de parvenir aux portes de la capitale, là où les attendaient des forces antiémeute prêtes à en découdre. L'affrontement, inévitable, a eu lieu à Birkhadem, sous la passerelle où les CNS les ont accueillis boucliers levés et matraques au poing. Les gardes communaux ont épuisé leurs dernières forces à vouloir franchir le cordon de sécurité. Selon Aliouat Lahlou, les affrontements ont fait plusieurs centaines de blessés. Les forces de sécurité ont procédé alors à l'arrestation de quatre gardes communaux. De quoi est mort le garde communal Lasfer Saïd? Ses collègues attribuent son décès à des blessures contractées lors des affrontements avec la police, lundi, sous le pont de Birkhadem où la marche des gardes communaux a été brutalement et violemment réprimée par les forces antiémeute. La Dgsn, de son côté, a soutenu que le garde communal est décédé d'une mort naturelle, souffrant d'une maladie chronique.. Quelle version des faits croire? L'avis du médecin qui a constaté le décès, fort assurément. Le fils du défunt a publié dans le journal électronique «Algérie-express», une déclaration sur l'honneur dans laquelle il atteste que son père portait des traces d'agression au visage, et son bulletin de séjour à l'hôpital de Khemis Méliana atteste que le défunt y a été admis le mardi 10 juillet, soit le lendemain de la marche. Actuellement, les gardes communaux ont recouru à la protestation de rue. Comme ils l'ont déjà fait l'année dernière, les pouvoirs publics leur avaient promis à l'époque de prendre en charge leurs doléances. Recrutés pour être engagés dans la lutte antiterroriste, les gardes communaux, dont le corps totalisait près de 100.000 membres, revendiquent des revalorisations salariales avec effet rétroactif mais surtout un statut qui les soustraira d'une situation qui les fait balloter entre fonction d'éclaireurs de l'ANP lors d'opérations antiterroristes et celle de supplétifs de la police dans les missions de contrôle de routine. Leur plate-forme de revendication, de 18 points, porte, entre autres, sur la révision des pensions des veuves de gardes communaux victimes du terrorisme, et celle des pensions pour les blessés, notamment ceux qui vivent avec un handicap. Les gardes communaux, qui ont perdu l'un des leurs lors des affrontements de lundi dernier avec les forces antiémeute, ont décidé d'observer des sit-in au niveau des différentes wilayas du pays. Tout en maintenant le sit-in observé depuis plusieurs jours à Blida, ils organisent des rassemblements locaux. Pour les jours et actions à venir, M.Lahlou précise: «Nous tiendrons un conclave dans les prochains jours pour réfléchir aux actions futures à entreprendre.» Le violent traitement qu'ils ont subi occupe actuellement l'épicentre de la consternation de l'opinion publique. La protestation va sans doute s'intensifier, surtout qu'elle constitue pour «ces sauveurs de la République» le principal moyen d'expression.