Le président égyptien Mohamed Morsi a reçu jeudi le dirigeant du mouvement islamiste palestinien Hamas, Khaled Mechaal, au lendemain d'une rencontre avec le président palestinien Mahmoud Abbas. Le Hamas a salué une rencontre «historique», la première entre une délégation du mouvement palestinien, issu des Frères musulmans, auxquels appartient M.Morsi, et un chef de l'Etat égyptien. «Morsi a affirmé le soutien de l'Egypte aux Palestiniens de Ghaza, ce qui confirme l'avènement d'une ère nouvelle entre l'Egypte et la cause palestinienne», a déclaré M.Mechaâl, cité par l'agence de presse gouvernementale égyptienne Mena. Le président égyptien, qui s'est engagé à oeuvrer à la réconciliation palestinienne entre le Fatah, doit accueillir au Caire la semaine prochaine le chef de gouvernement du Hamas à Ghaza, Ismaïl Haniyeh, selon le service de presse de ce dernier. M.Morsi doit organiser, selon le chef du Hamas, une nouvelle rencontre entre MM.Mechaal et Abbas pour favoriser une réconciliation. Le départ sous la pression populaire du président égyptien Hosni Moubarak en février 2011 puis l'annonce en juin 2012 de l'élection de M.Morsi ont été célébrés dans la liesse à Ghaza par le Hamas. M.Haniyeh rencontrera pour la première fois M.Morsi la semaine prochaine pour discuter avec lui «de la réconciliation palestinienne, du siège israélien de la bande de Ghaza, de la situation au point de passage de Rafah et de questions politiques», a déclaré le directeur du bureau de presse de son gouvernement, Hassan Abou Haschich. L'Egypte a rouvert à titre permanent en mai 2011, à la suite du départ de M.Moubarak, le terminal de Rafah, unique point de passage non contrôlé par Israël entre le territoire palestinien, sous blocus israélien, et le monde extérieur. Mais le chef du gouvernement du Hamas a appelé le nouveau pouvoir au Caire à ouvrir 24 heures par jour le terminal de Rafah. Le Fatah et le Hamas, qui gouvernent respectivement les zones autonomes de Cisjordanie et de Ghaza, ont signé le 27 avril 2011 au Caire un accord de réconciliation nationale sous médiation égyptienne. En vertu de cet accord, les deux gouvernements rivaux devaient céder la place à un exécutif transitoire non partisan chargé d'organiser des élections générales dans un délai d'un an, mais les principales clauses en sont restées lettre morte et les échéances ont été constamment repoussées. Par ailleurs, et au plan interne, le président égyptien Mohamed Morsi a ordonné jeudi la libération de 572 personnes qui avaient été arrêtées par les militaires, a annoncé l'agence MENA. M.Morsi, premier civil élu au poste de président égyptien, a signé un «ordre pour amnistier 572 personnes inculpées par la justice militaire», a précisé l'agence. Il a aussi ordonné la création d'une commission chargée d'examiner les cas de civils jugés par les militaires. Au total, 11879 Egyptiens ont été arrêtés par les militaires depuis le début du mouvement de révolte qui a abouti à la chute de l'ancien président Hosni Moubarak, selon les chiffres de la commission. Parmi eux, 9714 ont été libérés. L'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch a appelé au début de la semaine le président Morsi à amnistier «tous les civils inculpés par les tribunaux militaires». «Aucun civil, indépendamment du crime, ne devrait être jugé par un tribunal militaire», a souligné Sarah Leah Whitson, responsable de l'organisation pour le Proche-Orient et l'Afrique du Nord. M.Morsi, qui a prêté serment le 30 juin, est englué dans une lutte de pouvoir avec le Conseil suprême des Forces armées qui a promulgué un texte constitutionnel accordant de larges pouvoirs aux militaires. «Les procès militaires et les arrestations de civils par les militaires se sont poursuivis en dépit de la remise du pouvoir le 30 juin aux autorités civiles», a déploré Human Rights Watch.