A Béjaïa, à l'instar de toutes les régions du pays, le Ramadhan est synonyme de paresse, de relâchement et d'inaction. Le constat est visible partout hier au deuxième jour du mois sacré. A 11 heures du matin, la ville donnait l'impression d'être vidée de ses occupants. Peu de circulation autant pédestre que routière. Les automobilistes se font rares. Les piétons aussi. Les commerces ouvrent tardivement. Pour le deuxième jour du Ramadhan, l'ambiance sur les routes s'est subitement ramollie. Les bus, d'ordinaire bondés, sont peu remplis. La torpeur est partout perceptible. C'est le week-end et les citoyens ont visiblement opté pour la grasse matinée. Il en est de même pour les commerçants. Tout le monde semble se plaire dans son nouveau rythme de vie imposé par le mois sacré. Tout va au ralenti. Les gens sont beaucoup moins bavards que la veille. C'est le seul mois où on se déteste le jour et on s'aime la nuit. C'est le cas entre amis, entre couples, entre parents. Dans la journée, il ne faut surtout pas aborder les sujets qui fâchent sinon c'est la guerre et la guerre du Ramadhan n'est pas comme les autres, que ce soit sur le plan des mots que des gestes. Les bureaux et les ateliers se distinguent par une faible activité. Dans les bureaux, aussi bien les femmes que les hommes présentent des visages pâles, tirés par le manque de sommeil. En cette période de jeûne, seule l'économie du ventre échappe à la torpeur ritualisée et tolérée. L'activité économique, tous secteurs confondus, excepté celui de l'alimentaire, stagne, sinon recule d'une manière vertigineuse. Le mois de Ramadhan est aussi un mois de gaspillage. Bien qu'il soit un mois de jeûne, le musulman dépense en nourriture dans ce mois bien plus que pour les autres mois de l'année. Bien plus grave, disent les moins optimistes, le mois sacré est un frein au développement de l'économie nationale du fait du mauvais rendement. Même les militantes islamistes, qui protestent contre l'importance prise par l'estomac aux dépens de la spiritualité, sont contraintes d'assumer leur rôle dans la cuisine au détriment de la mosquée. C'est le mois de la consommation qui valorise plus que jamais le zèle culinaire et l'ardeur ménagère. Un mois plein de surprises pourvu qu'elles soient bonnes et heureuses. Saha Ramdhankoum..