Ce qui n'était qu'une affirmation dénuée de fondements statistiques est aujourd'hui prouvée par l'Institut de sondage d'opinion français Ifop: les électeurs musulmans de France ont contribué à l'élection de François Hollande, le 6 mai dernier.Désormais, les quelque 6 millions de musulmans de France, dont une grande partie constituée d'Algériens (un peu plus de 3 millions) sont une force non négligeable sur laquelle les politiques de l'Hexagone peuvent compter. Selon l'étude de l'Ifop, réalisée à partir d'un échantillon de 680 électeurs musulmans, ces derniers ont affirmé avoir voté très largement à gauche dès le premier tour de la présidentielle, et à 86% pour François Hollande au second. A noter que l'étude a touché 142 000 électeurs français, dont 680 musulmans. «D'après les données dont nous disposons, aucune autre catégorie de la population n'a aussi massivement voté pour le candidat socialiste (ou contre Nicolas Sarkozy) que les musulmans», précise l'Institut de sondage. C'est dire que les affirmations selon lesquelles Nicolas Sarkozy a été sanctionné par l'électorat musulman, dont une bonne partie est constituée d'Algériens, à cause de sa politique jugée «raciste» à l'égard de cette communauté, se sont vérifiées. François Hollande, qui n'ignorait pas le poids de la communauté musulmane en France, a évité de toucher à ses sensibilités durant la campagne électorale, tentant en revanche, un rapprochement avec des discours flatteurs, dans une ambiance électrique induite par l'épisode de l'affaire Mohamed Merah. «Ce sur-vote très important enregistré dans ce segment - constituant, on le rappelle, environ 5% des inscrits - représente 1,5 point du corps électoral, soit l'avance qui a permis à François Hollande de l'emporter», estime l'Ifop. François Hollande avait remporté le deuxième tour de l'élection présidentielle du 6 mai dernier avec un peu plus de 51% des suffrages. Autrement dit, les électeurs musulmans ont joué un rôle important dans la chute de Sarkozy et la victoire du candidat socialiste. L'institut analyse qu'avec «57% des voix, François Hollande a ainsi largement franchi la barre des 50% dès le premier tour et doublé son score moyen dans ce segment de l'électorat qui, parallèlement, a également beaucoup plus voté pour Jean-Luc Mélenchon que la moyenne des Français: 20% contre 11%». Ifop relève que les électeurs de confession musulmane avaient peu voté pour Nicolas Sarkozy en 2007. «A droite, la polémique sur la viande halal succédant à d'autres prises de positions durant le quinquennat (débat sur l'identité nationale notamment) ne s'est pas traduite par une érosion supplémentaire du score de Nicolas Sarkozy», note l'institut qui rappelle que l'audience électorale de Sarkozy avait déjà été très faible en 2007: 8% seulement à l'époque contre 7% cette année.