Depuis le début de l'année, l'inflation augmente en continu. Le taux d'inflation va crescendo. Depuis avril dernier, l'inflation a même franchi le cap des 6%. Ce processus érode le pouvoir d'achat des ménages rattrapés par la pauvreté rampante. Les fortes augmentations des salaires et les importations de ces dernières années ont exacerbé ce processus. La crise de régulation ou la prédominance de la sphère informelle, la dépréciation du dinar sont d'autres facteurs contribuant à la hausse de l'inflation souvent «comprimée» ces dernier temps, par des subventions tous azimuts. Depuis le début de l'année, l'inflation augmente en continu. Que fera l'Etat dans ce cas? Va-t-il adopter un plan de rigueur pour y remédier? «L'Etat qui ne pourrait pas agir sur les dépenses publiques d'équipement luttant contre le chômage a une marge de manoeuvre de diminution sur les subventions», selon certains économistes. Le rythme d'inflation en glissement annuel se situe à 7,3% en juin 2012. Ce taux, qui se répercute sur le pouvoir d'achat, a été de 1,6% en 2005, 3% en 2006, à 3,5% en 2007, 4,5% en 2008, 5,7% en 2009, moins de 4% en 2010, plus de 4,5% en 2011 et allant vers 5,5% pour 2012 en glissement annuel. Les prix à la consommation ont augmenté de 8,7% au mois de juin dernier par rapport à la même période de l'année écoulée. Les dépenses publiques et les augmentations salariales ont tiré en haut le taux d'inflation, selon les observateurs. L'inflation des prix de produits importés n'a agi que légèrement sur l'inflation nationale. La sphère informelle a des effets néfastes sur l'augmentation de l'inflation. L'une des raisons expliquant ce phénomène est sans doute la faiblesse de la production et de la productivité internes. Le caractère tertiaire (commerce et services) domine l'activité économique nationale. Selon les chiffres de l'ONS, plus de 55% de l'ensemble des entités économiques sont recensées dans le secteur commercial dont 84% d'entre elles relèvent du commerce de détail. Or, les importations couvrent près de 75%% des besoins des ménages et des entreprises. Le taux d'inflation officiel est «biaisé, étant comprimé artificiellement par les subventions», selon Abderahmane Mebtoul. La non-proportionnalité entre les dépenses monétaires et les impacts, est l'autre raison derrière la hausse de l'inflation. Plus de 500 milliards de dollars seront mobilisés entre 2004 et 2013. Pour le Programme d'investissements publics 2010/2014, le gouvernement a retenu des engagements financiers de l'ordre de 286 milliards de dollars. L'équivalent de 130 milliards de dollars (46%) consacré au parachèvement des grands projets déjà entamés entre 2004/2009, et156 milliards de dollars pour l'engagement de nouveaux projets. Pour 2011, le déficit budgétaire a été de 63 milliards de dollars. Pour la loi de finances prévisionnelle 2012, le déficit sera de l'ordre de 53 milliards de dollars. Ce léger recul du déficit budgétaire s'explique par le fait que le budget de l'équipement enregistre un recul de 32% par rapport à 2011. Le recours au glissement du taux de change du dinar voile l'importance du déficit budgétaire. Et l'Etat algérien continue de dépenser sans compter en lançant des projets «non fiables» en terme économiques, souvent pour des raisons de prestige. Cependant, l'Algérie vit sur la base d'un cours du baril de 70 dollars pour le budget de fonctionnement et 40/50 dollars pour le budget d'équipement. Ainsi si le cours des hydrocarbures baisse on risque une hyper-inflation. La dégringolade continue du dinar et la prédominance de la sphère informelle sont l'un des facteurs du processus inflationniste. Cette sphère informelle en Algérie contrôle 65/70% des segments de produits de première nécessité auxquels plus de 70% des ménages consacrent presque l'intégralité de leurs revenus. Le processus inflationniste que l'on comprime artificiellement par des subventions montre l'ampleur de la crise de régulation qui s'est accentuée en 2011. L'écart entre le taux de change officiel et celui sur le marché parallèle est un autre facteur qui tire en haut l'inflation. 40% de la masse monétaire est contrôlée par la sphère informelle soit 13,55 milliards de dollars, en somme, une sorte d'un Etat dans l'Etat.