Les rejets ménagers et divers détritus envahissent les rues et les places. Les odeurs nauséabondes avec leurs relents. Des amas d'ordures s'entassent sur les places des villages et les trottoirs. Une catastrophe guette les populations à tout moment en ces journées de chaleur extrême. Les risques d'apparition de maladies sont de plus en plus grands. Cette situation de grande puanteur qui coïncide avec le mois sacré s'explique en fait par l'augmentation substantielle de la consommation et des rejets. Durant la journée, malgré la hausse vertigineuse des prix, les citoyens achètent beaucoup plus que les jours sans jeûne. La zalabia, le kalbelouz, les fruits, le pain, les gâteaux en grandes quantités se retrouvent le matin dans les poubelles. La profusion de sachets en plastique et d'emballages cartonnés ou en métaux divers augmente le volume déjà calamiteux des amas de détritus qui s'entassent devant les maisons et les bâtiments. La frénésie dans de la consommation après la rupture du jeûne n'est pas significative, affirment des spécialistes en nutrition. L'individu, même s'il reste sur sa faim pendant plusieurs jours, ne peut pas consommer plus qu'il n'en est capable. Ceux dont les yeux sont plus gros que le ventre, achètent durant la journée, et jettent le lendemain. Le même réflexe se reproduit mécaniquement chaque jour. Les gens jettent, rejettent, achètent et rachètent. Pendant ce temps, les dépotoirs se remplissent. De grandes vagues d'odeurs nauséabondes empoisonnent le quotidien des jeûneurs. Les places des villages, les trottoirs dans les villes offrent des spectacles désolants. Les chiens, les chats et les rats semblent les plus heureux de cette situation de «déconfiture sociale». Pourtant, toutes les communes disposent de services d'hygiène. Les camions de ramassage d'ordures ménagères ne peuvent plus suivre le rythme de rejet de cette machine alimentaire qui s'affole. Habituellement, ces derniers assuraient un ramassage chaque semaine mais en ce mois de jeûne, les services concernés auraient dû penser à multiplier le nombre de collectes. En tout état de cause, les populations sont obligées de s'accommoder de ces odeurs. Le constat est vite tiré en voyant l'absence de réclamation et de réaction face à ces odeurs. Boucher son nez en passant près d'une décharge n'est pas synonyme de civisme. Malheureusement, c'est l'unique geste ou réflexe que les passants ont pour signifier leur désapprobation. Mais, est-ce suffisant?