Chaque année, au mois de Ramadhan, les commerces ouvrent après le f'tour, pour des soirées exclusives, réservées aux «qaâda à la chicha» arrosées de café et de thé à la menthe, accompagnées de fruits secs, amandes et pistaches entre autres. C'est un objet qu'on voit de plus en plus dans les cafés et lieux de rencontres à Annaba. La majorité des clients de ces endroits, par un tuyau coloré aspirent avec volupté le goût d'un tabac parfumé à la fraise, pomme ou orange, puis en apprécient les effluves. Originaire d'Inde, ce type de pipe à eau enracinée en Egypte et en Tunisie, appelée la chicha, a fini par s'incruster dans la société algérienne, à Annaba notamment où elle fait de plus en plus d'émules. En effet, bien connue au Moyen-Orient et dans certaines régions d'Afrique du Nord, le narguilé, chicha ou encore hookah, gagne chaque jour de nouveaux adeptes parmi les jeunes Annabis. Les fumeurs de la pipe à eau affirment que «c'est une source de plaisir et de détente». L'usage de la chicha se généralise presque, au mois sacré. En bord de mer, dans les salons de thé et cafés, les groupes de fumeurs du narguilé, se rassemblent autour d'une partie de cartes ou de dominos. Aucun ne tient une cigarette entre les doigts, c'est plutôt ces bouteilles en verre de toutes les couleurs, et les tuyaux que ces jeunes tiennent entre les mains. C'est un plaisir partagé entre les copains. En effet, la majorité des jeunes affirment avec enthousiasme «on ne peut décrire l'énorme plaisir que nous procure le narguilé» Un jeune adepte de cette nouvelle mode avoue: «Ringuiler, n'est pas une chose à apprécier seul, mais plutôt avec un groupe d'amis.» Dans le même contexte, un propriétaire d'un salon de thé explique que la chicha suscite «un engouement sans précédent chez les jeunes». Le narguilé trouve une grande place chez la gent féminine. En effet, la femme bônoise, de par sa ressemblance à sa voisine de Tunisie, notamment en matière de traditions, use de plus en plus de chicha que de cigarette. La disponibilité des arômes de différents fruits, donne l'impression au passage, par devant les arcades, de l'ex-Cours Bartagna ou sur le long du littoral, à un vrai jardin de fruits, dont les odeurs chatouillent les narines des promeneurs du centre-ville, du bouvard et du littoral. Aussi, outre la chicha, devenue un élément incontournable dans les cafés, les restaurants et les salons de thé à Annaba, dont l'usage s'accentue pendant les nuits du mois sacré notamment, ces soirées sont aussi marquées par l'installation de khaïmas en bord de mer surtout par les jeunes venus du Grand Sud algérien. Ces estivants d'une autre nature, viennent chaque année pour investir les salons de thé traditionnels, les khaïmas en l'occurrence et faire vivre aux vacanciers les soirées traditionnelles des régions du Sud. Dans un décor sahraoui, le thé est préparé sur le feu de bois et servi dans des tasses spéciales, accompagnées de la chicha, avec une «quaâda» sud-orientale à l'algérienne. Ces Sahraouis installent leurs khaïmas, et invitent à la dégustation du fameux thé à la menthe, préparé par ces jeunes porteurs de l'amour des traditions de leurs régions respectives. Effectivement, le traditionnel semble susciter la curiosité des jeunes qui, depuis ces dernières années, éprouvent un réel plaisir pour ce type de veillées, aussi bien durant les nuits d'été que lors des soirées du mois sacré, puisque le service est assuré dans des tenues traditionnelles, ceci afin de donner un cachet particulier aux veillées du mois de Ramadhan. La chicha y trouve largement sa place et son usage dans la majorité des quartiers de la wilaya de Annaba. C'est dire que le narguilé est le principal moyen pour l'animation nocturne durant ce mois où les endroits de rencontre pour les veillées, cafés, salons de thé entre autres ne lésinent pas sur les moyens en faveur des joyeuses soirées du Ramadhan. En effet, la plupart des lieux de rencontres à Annaba, ont inclus depuis quelques années dans leurs menus le narguilé. C'est toute une gamme qui est subdivisée suivant la nature et les arômes du tabac. Ainsi, utiliser les tuyaux du narghilé, c'est devenu très à la mode. Si vous n'en commandez pas, les serveurs vous le proposeront. Ainsi, la chicha autrefois marginalisée, est devenue depuis plusieurs années très répandue à l'est du pays, à Annaba, surtout pour égayer les nuits ramadhanesques notamment.