Des chars contre qui? Le petit monstre de Doha menace de bouffer le monde. Ce micro-Etat de 200.000 autochtones, qui bat le tambour de la guerre depuis le début des révoltes arabes, s'est érigé en émirat mercenaire du Golfe. Le Qatar envisage d'acheter jusqu'à 200 chars de combat Leopard 2 à l'Allemagne pour un coût d'environ 2 milliards d'euros, selon l'hebdomadaire Der Spiegel. Une délégation du groupe de défense Krauss-Maffei Wegmann s'est déjà rendue au Qatar pour discuter d'un éventuel accord, affirme le journal. L'information a créé une polémique surtout déclenchée par l'opposition allemande mais aussi par certains membres du parti conservateur de la chancelière, qui y voient une violation de la politique habituelle de l'Allemagne qui ne vend pas d'armes lourdes à des dictatures et des régions instables. Le 23 juillet dernier, le journal suisse L'Hebdo a rapporté que l'armée de l'air du Qatar a passé avec le constructeur aéronautique nidwaldien Pilatus pour l'achat de 24 avions militaires. «La livraison des avions est prévue pour mi-2014 et l'entraînement devrait commencer en 2015», a indiqué le journal suisse. Comme en Allemagne, cette commande d'avions a soulevé une autre polémique en Suisse. Le Groupe pour une Suisse sans Armée (GSsA) est, lui, monté au front contre la nouvelle commande. Les «constantes et sérieuses violations des droits de l'homme au Qatar», ainsi que la répression contre toute opposition, font craindre que le matériel livré puisse être utilisé à tout moment contre la population civile, note-t-il. C'est justement cette problématique de la destination des armes une fois vendues qui a sérieusement retardé les discussions, entamées depuis un mois à l'ONU sur la mise en place d'un traité international sur le commerce des armes conventionnelles. A la demande de l'Assemblée générale, les 193 Etats membres devaient se mettre d'accord vendredi dernier sur les règles du jeu. Le projet de traité oblige chaque pays à évaluer si les armes qu'il vend risquent d'être utilisées pour commettre des «violations graves des droits de l'homme», ou des attentats, ou d'être détournées au profit du crime organisé. Voilà qui doit soulever un véritable tollé au plan international et cela pour plusieurs raisons. D'abord, en termes de droits de l'homme, le Qatar est loin d'être un modèle. Ensuite et surtout, la destination des armes qu'achète ce pays. L'aide que fournit le Qatar aux terroristes du Mujao n'est ni une illusion ni une lubie. Au début de juin dernier, l'hebdomadaire français Le Canard enchaîné a jeté un pavé dans la mare en révélant, preuves à l'appui, que le Qatar soutient et finance les groupes terroristes au Sahel. Citant la Direction du renseignement français (DRM), l'hebdomadaire français a décrit dans le détail comment le Qatar finance les terroristes d'Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi), le Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest et Ançar Eddine. Ainsi, selon le journal, des millions de dollars ont été dépensés par l'Emirat, au vu et au su de la communauté internationale, pour soutenir le terrorisme au Sahel. «Les prises d'otages, les trafics de drogue ou de cigarettes ne peuvent donc suffire à ces islamistes très dépensiers», note encore Le Canard enchaîné. Il est clair que le rôle que l'on veut faire jouer au Qatar sur la scène régionale vise à imposer ce petit Emirat, qui fait figure de nain, dans le Moyen-Orient. En contrepartie, il doit être le parfait croupion des puissances occidentales. Le Qatar n'en est pas à son premier soutien pour les partis islamistes sunnites, ni à sa première ingérence. Depuis le début du printemps arabe, il s'est donné un rôle d'acteur majeur dans la région au point d'agacer les autres monarchies du Golfe dont son voisin immédiat, l'Arabie Saoudite. Il a appuyé le parti Ennahda en Tunisie, offert sa médiation dans le conflit yéménite, déboursé une fortune et contribué militairement à renverser El Gueddafi et il est à présent au front pour convaincre d'une attaque contre la Syrie.