Les preuves s'accumulent de plus en plus contre le Qatar, ce crapaud qui veut devenir aussi gros qu'un bœuf, dans sa campagne de financement du terrorisme islamiste dans le monde arabo-musulman. Utilisant déjà son média lourd, la chaîne Al Jazeera, cette «radio des mille collines» arabes, pour faire l'apologie de l'islamisme avec un homme comme Al Qaradhawi, il est passé à une vitesse supérieure depuis l'avènement des révolutions arabes dans lesquelles il avait vu une menace potentielle pour la survie des monarchies du Golfe. D'où un soutien sans faille aux forces obscurantistes, notamment en Tunisie, en Libye, en Egypte et au Yémen. L'hebdomadaire satirique français, Le Canard Enchaîné, vient d'apporter de nouvelles révélations sur l'apport qatari au financement du terrorisme. Cette fois-ci au Mali. Le journal se réfère notamment à un rapport de la DRM (Direction du renseignement militaire). L'appui au terrorisme malien n'est pas fortuit. Il vise surtout à déstabiliser l'Algérie qui a su résister jusqu'à ce jour à la déferlante du péril vert. L'hebdomadaire français écrit entre autres : «Au début de cette année, plusieurs notes de la DGSE ont alerté l'Elysée sur les activités internationales, si l'on ose dire, de l'émirat du Qatar. Et, sans vraiment insister, diplomatie oblige, sur le patron de cet Etat minuscule, le cheikh Hamad Ben Khalifa Al Thani, que Sarko a toujours traité en ami et en allié. Les officiers de la DRM affirment, eux, que la générosité du Qatar est sans pareille et qu'il ne s'est pas contenté d'aider financièrement, parfois en leur livrant des armes, les révolutionnaires de Tunisie, d'Egypte ou de Libye», écrit Le Canard. «Selon les renseignements recueillis par la DRM, les insurgés touaregs du MNLA (indépendantistes et laïcs), les mouvements Ançar Eddine, Aqmi (Al Qaîda au Maghreb islamique) et Mujao (djihad en Afrique de l'Ouest) ont reçu une aide en dollars du Qatar. Les prises d'otages, les trafics de drogue ou de cigarettes ne peuvent donc suffire à ces islamistes très dépensiers», poursuit-il. Leur Etat taliban connaît ses premières discordes entre Touareg, plus ou moins religieux, et fanatiques de la charia. Mais ces divers groupes sont désormais présents dans plusieurs agglomérations aux frontières du Niger, du Burkina Faso et de l'Algérie. Autres «touristes» armés dont la présence est remarquée au Nord-Mali : des Nigérians de la secte Boko Haram et des instructeurs pakistanais arrivés de Somalie avec une bonne expérience de la guérilla. Commentaire attristé d'un diplomate français : «On lève les bras au ciel et on soutient la Cédéao (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest), tout en sachant qu'elle est impuissante.» Plusieurs dirigeants de ces pays, inquiets à l'idée que le virus islamiste ne se répande chez eux, envisagent bien une intervention militaire. Mais ni eux ni l'Union africaine ne disposent des forces nécessaires pour «reconquérir» les villes et le désert du Nord-Mali. Et ce qu'il reste de l'«Etat malien», au sud, «n'existe pas vraiment, la guerre civile menace», selon les services français. Et chacun, tels les Français, qui se contentent de «surveiller la zone», comme on dit, de se tourner vers l'Algérie, dont l'armée est la seule capable de franchir les 1300 km de frontière du Nord-Mali, puis de ne faire qu'une bouchée de ces islamistes. Mais Bouteflika et ses généraux craignent les retours de bâton. Ils n'ont guère envie, semble-t-il, de «voir de nouveau ‘'fleurir'' le terrorisme à domicile», selon le Quai d'Orsay, révèle encore le journal.