La possible vente de chars à l'Arabie saoudite a déclenché une vive polémique en Allemagne où l'opposition et des membres du parti conservateur de la chancelière Angela Merkel la considérant comme une infraction aux règles d'exportation. Selon l'hebdomadaire Der Spiegel, le Conseil fédéral de sécurité (BSR) a donné son feu vert à la vente de 200 chars de combat Leopard à l'Arabie saoudite, alors qu'il refusait depuis des décennies de vendre des armes lourdes au royaume. Pour motiver son refus, l'Allemagne a toujours expliqué vouloir préserver la sécurité d'Israël et respecter les droits de l'homme. Mais selon une source proche du gouvernement, citée par le Süddeutsche Zeitung, Israël et les Etats-Unis «ont été informés de la transaction et n'ont pas formulé d'objection». «Tout le monde aura compris que le gouvernement israélien est d'accord. Sinon, il y aurait déjà eu une protestation officielle», a commenté cette source au grand quotidien de Munich. L'information du journal bavarois est la première confirmation indirecte de l'existence de ce contrat très controversé. «Le Conseil fédéral de sécurité se réunit en secret. A ce stade, nous ne pouvons ni commenter ses délibérations, ni ses décisions», avait déclaré lundi à la presse le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Andreas Peschke, sans confirmer, ni démentir l'information. Les chefs de l'opposition réclament pourtant d'ores et déjà un débat au Bundestag (chambre basse du Parlement). «Que le gouvernement allemand soit prêt à vendre 200 chars modernes en cette période de tension au Proche-Orient et dans la péninsule arabe témoigne d'un manque de jugement terrifiant», estime de son côté le chef des sociaux-démocrates au Parlement, Gernot Erler, dans un entretien à l'édition en ligne du journal Die Welt. «Vendre des chars à l'Arabie saoudite à un moment où le pays envoie des blindés pour aider à écraser un mouvement pacifique à Bahreïn est un camouflet infligé aux mouvements pour la liberté des pays de toute la région», ajoute-t-il. Dans les rangs de la chancelière, des voix critiques se font également entendre. Une telle vente d'armes irait à l'encontre des règles en vigueur sur les exportations d'armes aux pays en proie à l'instabilité, reconnaît le chrétien-démocrate Ruprecht Polenz qui dirige la commission parlementaire des Affaires étrangères. La commande de 200 chars Leopard 2A7+, un blindé de 55 à 62 tonnes équipé d'un canon de 160 mm, pourrait rapporter des milliards d'euros à l'industrie allemande de l'armement, notamment aux entreprises allemandes Kraus-Maffei et Rheinmetall, selon l'hebdomadaire Der Spiegel.