Entre le citoyen et la société Sonelgaz, le courant ne passe plus. Les délestages récurrents et les problèmes techniques ne sont pas faits pour le rétablir durablement. Les rapports entre les citoyens et la Sonelgaz se dégradent. Les premiers pointent un doigt accusateur en direction de la société, lui reprochant de recourir souvent aux coupures d'électricité, ou aux délestages pour rétablir l'équilibre entre l'offre et la demande. La Sonelgaz impute, quant à elle, ces arrêts aux problèmes techniques et soutient qu'ils ne sont pas programmés. Coupures volontaires ou pannes normales, peu importe, les consommateurs en ont ras-le-bol, à la fin, et s'insurgent contre ces pratiques qui les pénalisent en premier. Criant leur colère, des citoyens ont carrément investi la rue dans certaines wilayas, obligeant les autorités en place à intervenir pour ramener le calme. Des cas similaires sont signalés un peu partout et risquent de faire tache d'huile si le recours systématique au délestage s'amplifie et se généralise. Les plus touchés sont, évidemment, les commerces, principalement les boucheries et les magasins d'alimentation générale. Les pannes fréquentes provoquent une rupture de la chaîne du froid, qui agit sur la viande et sur ses composants. Parfois, elles durent un à deux jours. Que vont faire, selon vous, les bouchers qui ont en frigo vingt à quarante carcasses? Les jeter? Cela les mettrait sûrement sur la paille. Les vendre? ils prendraient, alors là, un très gros risque. Certains n'ont pourtant pas le choix. Ils préfèrent courir ce risque plutôt que de retirer la viande avariée de la vente. Le consommateur devient alors la victime toute désignée, qui va payer comme d'habitude, la facture et réparer les dégâts. En cas de plainte d'un client ou d'une personne intoxiquée, il essaie, aussitôt, de se dédouaner, en mettant tout sur le dos de la Sonelgaz coupable, selon lui, d'avoir coupé délibérément le courant. Les commerçants d'alimentation générale sont logés à la même enseigne, surtout ceux qui vendent des produits laitiers ou des aliments à conserver à basse température.. Les délestages répétés leur causent beaucoup de désagréments et les discréditent, à la longue, auprès de leurs clients. Certains d'entre eux ont trouvé la parade, en se procurant un groupe électrogène qui se déclenche dès que le courant est coupé, mais son prix n'est pas donné et rares sont ceux qui ont vraiment les moyens de se le payer. Il y aussi les boulangers. Ils n'ont pas besoin d'appareils frigorifiques, mais de courant pour faire tourner leurs fours électriques et cuire leur pain. Pas de courant, pas de pain. Des quartiers entiers sont privés parfois de cet aliment à cause des pannes ou des coupures d'électricité. Rien qu'à Alger, de nombreux boulangers se sont plaints durant les premiers jours de Ramadhan de coupures de courant qui les ont obligés à limiter la quantité de pain à produire. Pour les férus d'Internet et des feuilletons télé, les délestages sont devenus insupportables et leur rendent la vie vraiment difficile. C'est vrai que le recours abusif au climatiseur pour se protéger de la canicule qui sévit ces jours-ci, perturbe sérieusement le réseau, mais cela ne constitue pas une raison suffisante pour expliquer toutes ces coupures de courant et toutes ces pannes qui empoisonnent la vie à tout le monde. Il y a à peine une année de nombreux citoyens s'étaient plaints, qui parce que son téléviseur avait cramé, qui parce que sa machine à laver avait grillé. La leçon n'a pas été retenue apparemment.