Si la situation perdure, il ne faudra pas s'étonner de voir apparaître une pénurie de pain. Les étés se suivent et se ressemblent. En effet, comme de coutume à chaque saison des grosses chaleurs, Sonelgaz a, encore une fois provoqué le courroux des commerçants. «70% des commerçants affiliés à notre association affirment avoir subi des pertes dues aux dernières coupures d'électricité», rapporte le porte-parole de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa), Hadj Tahar Boulenouar. «Les pertes subies par ces commerçants ont atteint dans certains cas 30% du chiffre d'affaires mensuel», ajoute la même source. Ces pertes touchent en premier lieu les produits sensibles tels que le lait, les yaourts et la viande. Mais elles touchent également, l'aspect relationnel avec les clients. «Pour éviter des pertes importantes, les commerçants minimisent leurs achats, ce qui est préjudiciable pour le client qui se retrouve confronté au manque de produits en question», révèle-t-il. «Quand les coupures arrivent, le commerçant ne peut pas contrôler tous les produits de son magasin. Il arrive parfois, par mégarde, qu'il vende un produit qui a été endommagé par la coupure de courant», dit-il. «Cette situation a le don de mettre en colère les clients qui ne cherchent pas à comprendre la cause de ce désagrément et ils n'ont pas tort», poursuit-il. Ces coupures d'électricité touchent également la réputation du commerçant. Les plus affectés par cette situation qui perdure, sont les petits commerçants, les détaillants, mais surtout les boulangers. «Les boulangers sont les plus touchés par les pannes électriques, une seule panne peut ruiner un boulanger», rapporte Boulenouar. «Si coupure il y a, les pétrins et les réfrigérateurs ne fonctionnent pas, la pâte ne peut donc pas être pétrie et encore moins conservée. Alors, elle va aux ordures», signale-t-il. Pour Hadj Tahar Boulenouar, les boulangers, dont les bénéfices seraient déjà très minimes, n'arrivent plus à s'en sortir. En été, ils préparent donc le strict minimum de pâte pour tenter d'atténuer les pertes. «Si la situation perdure il ne faudra pas s'étonner de voir apparaître dans les jours à venir une pénurie de pain, particulièrement pendant le mois de Ramadhan où la demande est très forte», met-il en garde. Autre corps de commerce grandement affecté les vendeurs de glaces. «Leur situation est aussi dramatique que celle des boulangers. Ils attendent l'été pour travailler mais malheureusement pour eux, l'électricité fait des siennes», dit-il. Les vendeurs de glaces se retrouvent dans l'embarras. Il faut savoir que la décongélation peut survenir très vite et les dernières coupures ont atteint, dans certains endroits, 8 heures. Le commerçant se retrouve devant un dilemme: vendre des produits pourris ou perdre sa marchandise. S'il est malhonnête, il choisira la première solution. C'est ce qui pousse Hadj Tahar Boulenouar à dire que les coupures d'électricité sont l'une des causes des intoxications alimentaires. Pour lui, ces intoxications ne viennent pas seulement des produits vendus par les commerçants, mais également par ceux conservés par les citoyens chez eux. «Le pouvoir d'achat des Algériens a grandement baissé. S'ils conservent dans leurs réfrigérateurs des produits périssables ou de la viande, ils ne vont pas la jeter», atteste-t-il. Donc, d'après le porte-parole de l'Ugcaa, les coupures répétées de courant électrique sont aussi un problème de santé publique. Il estime également que «les pertes que nous enregistrons n'affectent pas seulement les commerçants, mais plutôt toute l'économie du pays». Acheter des groupes électrogènes pourrait constituer un début de solution. De son côté, Sonelgaz et les directions de distribution d'électricité à travers le pays ne cessent de promettre d'améliorer l'alimentation en courant électrique. Le ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi et le directeur général de Sonelgaz, Nouredine Bouterfa, sont montés au créneau lors de ces derniers jours pour rassurer les abonnés.