Sont exclus de la mesure notamment les détenus condamnés pour terrorisme. Comme le veut la tradition, le président Bouteflika a ordonné une large mesure de grâce à l'occasion des fêtes de l'Aïd. C'est ce qu'a indiqué hier un communiqué rendu public par le Palais d'El-Mouradia. Ainsi, ce communiqué annonce-t-il des mesures de grâce au bénéfice de personnes détenues condamnées définitivement. Ces mesures concernent 3080 personnes qui bénéficient soit d'une remise totale de la peine, soit d'une remise partielle. Cette grâce, précise le même document, exclut les personnes condamnées pour les crimes et les délits suivants: actes de terrorisme et de subversion, viol, attentat à la pudeur avec violence, inceste, vol, escroquerie, recel, détournement de deniers publics et privés, corruption et trafic d'influence, fausse monnaie, trafic illicite de stupéfiants, contrebande ainsi que les actes de violence et d'atteinte aux biens commis à l'intérieur d'un établissement pénitentiaire. De pareilles grâces présidentielles interviennent deux à trois fois par an, après approbation du Conseil supérieur de la magistrature, suivant l'article 156 de la Constitution. Cette instance, au demeurant, s'est réunie le même jour autour de cette question, ainsi que pour d'autres sujets autrement plus préoccupants si l'on en croit la rumeur. S'il est vrai que la nouvelle ne peut qu'être reçue avec soulagement à la veille de ces festivités religieuses dans les milieux pénitentiaires et les familles des détenus concernés, il n'en demeure pas moins qu'une inquiétude justifiée par la recrudescence des actes de banditisme accompagne cette mesure. Ce mois de Ramadan, en effet, a été accompagné par de trop nombreux actes de vols à la tire, d'agressions, d'extorsions de fonds, etc. S'il est vrai que la grâce présidentielle lors des grandes fêtes religieuses et nationales fait partie d'une tradition incontournable, il n'en demeure pas moins qu'elle peut induire un nouveau pic dans le banditisme déjà très prononcé à la faveur du passage de notre pays vers l'économie de marché, comme c'est le cas pour tous les pays qui ont précédé l'Algérie sur cette voie. Le problème, au demeurant, reste entièrement posé tant que la réforme des établissements pénitentiaires ne verra pas le jour et que les prisons algériennes, au lieu de s'occuper de la réinsertion sociale, aident au contraire les détenus à se mettre un peu plus au ban de la société.