Le public a retrouvé son idole Une grande partie du public venu voir l'enfant prodige de Tizi Tghidat a dû rester dehors, faute de places et de tickets. Après une absence de deux décennies, la star de la chanson kabyle et algérienne a animé ce jeudi une soirée au stade Oukil-Ramdane de Tizi Ouzou. Un stade archicomble. Plus de 20.000 personnes ont assisté au spectacle. Une grande partie du public venu voir l'enfant prodige de Tizi Tghidat a dû rester dehors, faute de places et de tickets. Une ambiance folle a régné durant près de trois heures comme d'ailleurs c'est la coutume à chaque prestation de Takfarinas. Subjugué, le public a retrouvé une idole qui s'est effacée de la scène pendant près de 20 ans. Des familles, des jeunes essentiellement, des hommes âgés et toutes les catégories étaient présents ce jeudi au stade Oukil-Ramdane. Il faut dire que Takfarinas ne s'est pas produit à Tizi Ouzou depuis 1990. Ses album sortis plus tard en France seront de véritables légendes dans son pays malgré l'absence physique de l'artiste. La preuve a d'ailleurs été donnée avant-hier au soir. Le public chantait en choeur avec l'artiste. Une grappe de chansons du répertoire oh! combien riche, a été lâchée comme des colombes dans le ciel de la ville des Genêts durant près de trois bonnes heures. Way Telha, Yebbwa Reman et d'autres titres ont été merveilleusement interprétés par l'artiste ravi lui aussi de se produire devant son public «originel». Jusqu'à 1h du matin, le public a chanté et a dansé dans une ambiance survoltée. Une véritable cure d'exorcisme qu'il a prodiguée à son public. Les titres très connus s'enchaînaient au bonheur du public. Un bonheur fou apparaissait essentiellement dans les regards des jeunes fans de Takfarinas mais qui ne l'ont jamais vu aussi près dans un gala. Le seul moyen de le voir était la télévision. Mais ce jeudi, l'artiste, habillé comme il le faisait à la télé, sa guitare à deux manches et ses mouvements sur scène étaient réels. La prestation se passait devant leurs yeux au stade Oukil-Ramdane. Et ce n'était pas un rêve. Il est à signaler que rarement la ville de Tizi Ouzou a connu une telle ambiance festive. Dès l'annonce de la rupture du jeûne, les rues, les cafés, les places publiques étaient pleines à craquer. La star a su redonner un nouveau souffle de vie à cette ville enterrée depuis longtemps dans l'indifférence. Enfin, il est à rappeler que le chanteur a animé un point de presse le même jour dans l'après-midi à la petite salle de la Maison de la culture. Takfarinas n'a, d'ailleurs, pas caché sa joie de revenir parmi les siens. Le chanteur dira, à propos de son absence, qu'il ne pouvait pas se produire dans les années 1990 à cause du terrorisme. Mais, durant la décennie 2000 qui a suivi, son absence était plutôt due à quelques différends avec les responsables du secteur sur des détails techniques essentiellement. Toujours dans sa conférence, Takfarinas s'expliquera sur de nombreuses questions. Sa présence lors de «l'année de l'Algérie en France» a été rendue impossible, selon lui, par les événements de Kabylie où 120 jeunes ont été tués à la fleur de l'âge. La vedette de la chanson kabyle a également justifié son absence lors de la manifestation de «Alger, capitale de la culture arabe» par la non-existence d'un festival de même envergure dédié à la culture amazighe. A des questions qui portaient sur le présent, Takfarinas dira qu'il est en Algérie dans le cadre du Cinquantenaire de l'Indépendance, il prévoit, à l'occasion, d'ailleurs de faire une grande tournée à travers tout le pays. Au chapitre des projets, Takfarinas annoncera également la sortie d'un nouvel album prévue pour l'été 2013. La star regrettera enfin le phénomène du piratage qui risque de tuer l'art. Pour conclure, l'icône de la chanson algérienne appellera les artistes à faire appel aux musiciens et aux poètes. Pour lui, il est impossible de faire les deux avec brio.