Assange cherche comment sortir de l'ambassade de l'Equateur devenue désormais une prison dorée la décision de l'Equateur a induit un bras de fer inédit au plan diplomatique entre Londres et Quito. Les tractations diplomatiques se poursuivaient hier pour tenter de trouver une issue à l'affaire Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks toujours réfugié à l'ambassade d'Equateur à Londres et dont le sort restait plus qu'incertain, malgré l'asile accordé par Quito. Une vingtaine de policiers britanniques continuaient à monter la garde devant les entrées du bâtiment de briques rouges abritant la représentation équatorienne, qui s'est transformée en prison dorée pour l'Australien terré là depuis le 19 juin. Deux voiture de police stationnaient également près de l'édifice, non loin de la douzaine de supporteurs d'Assange qui ont passé la nuit sur place, dormant sur des cartons pour «monter la garde». «Je suis prête à rester aussi longtemps qu'il le faudra», assurait Tammy, une jeune femme de 34 ans arrivée sur place dès jeudi. «La tactique d'intimidation britannique se poursuit», commentait pour sa part WikiLeaks sur Twitter. Si Assange s'aventurait en dehors de l'ambassade, il pourrait immédiatement être arrêté en vertu du mandat d'arrêt lancé par la Suède qui veut l'entendre dans une affaire de viol et d'agression sexuelles. Il devrait toutefois se risquer à faire une déclaration publique demain «à 14H00 devant l'ambassade», soit deux mois jour pour jour après son arrivée dans la représentation équatorienne, selon WikiLeaks. Dès que Quito a annoncé jeudi qu'il accordait l'asile diplomatique à Assange, le Royaume-Uni a averti qu'il ne délivrerait pas de sauf-conduit à l'Australien et que cela ne changerait «rien» à la procédure d'extradition. Le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague a toutefois semblé écarter pour l'instant la menace d'une intrusion policière dans l'ambassade, autorisée selon lui par une loi de 1987, soulignant que la résolution de cette affaire pourrait «prendre un temps considérable». Face à l'inflexibilité britannique, l'Equateur a tenté de rallier à sa cause les Etats sud-américains. Il a convoqué les ministres des Affaires étrangères de l'Union des nations sud-américaines (Unasur) demain à Guayaquil, afin d'examiner la situation. L'Organisation des Etats américains (OEA) devrait, elle, décider dans la journée si elle convoque une réunion le 23 août à Washington. Quito envisage aussi de saisir la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye pour contraindre la Grande-Bretagne à délivrer un sauf-conduit à Assange. Interrogé hier matin, le Foreign Office s'est refusé à tout commentaire. Mais il s'était dit la veille toujours «décidé à rechercher une solution judiciaire avec le gouvernement équatorien». L'avenir du fondateur de WikiLeaks, un site spécialisé dans la divulgation de documents confidentiels, reste pour l'heure dans les limbes. La presse britannique se demandait vendredi comment il allait sortir de ce guêpier, passant en revue différents scénarios d'exfiltration, si la voix diplomatique ne débouchait sur aucun accord. Un départ d'Assange à bord d'une voiture de l'ambassade? Cela laisserait toutefois entière la possibilité d'une arrestation au moment de prendre un avion. Un départ dissimulé dans un conteneur estampillé «valise diplomatique»? Le subterfuge avait déjà été tenté sans succès en 1984 au Royaume-Uni pour un ancien ministre nigérian. Et les paquets diplomatiques passent quand même aux rayons X... Reste alors l'hypothèse que l'Equateur accorde à Assange un statut diplomatique ou de représentant à l'ONU. Mais la justice britannique ayant autorisé l'extradition d'Assange, Quito «a aussi l'obligation de respecter les lois du Royaume-Uni», notait le Guardian. Et Scotland Yard a «déjà arrêté de nombreux diplomates», rappelait la BBC.