Assad remet-il son poste en jeu? Tout en refusant que le départ de Assad soit un préalable, Damas se dit ouverte à des discussions avec l'opposition, lesquelles pourraient, éventuellement, inclure une «démission» du président syrien. Les violences se poursuivaient hier en Syrie notamment à Damas et Alep, au lendemain d'une proposition du régime qui s'est dit prêt au dialogue pouvant même inclure le départ du président Bachar Al-Assad, alors que l'opposition affirme étudier la formation d'un «gouvernement de transition». Des médias ont rapporté de leur côté que les rebelles syriens ont pris le contrôle d'un siège des forces de sécurité, pendant que les forces régulières poursuivaient les bombardements notamment à Houla, dans la région de Homs (centre). Alors que les violences s'intensifient à travers le pays, le régime syrien a annoncé sa disposition à engager des négociations avec l'opposition, pouvant même inclure le départ d'Al Assad sous conditions. «Pendant le processus de négociations, on peut étudier toutes les questions et nous sommes prêts à étudier même cette question», a déclaré mardi lors d'une visite à Moscou, le vice-Premier ministre syrien Qadri Jamil. La question du départ d'Al Assad se fera dans le cadre d'un «processus de négociations avec l'opposition», selon le vice-Premier ministre qui a toutefois estimé que l'idée «d'une démission comme condition pour mener un dialogue - cela signifie de facto qu'il est impossible d'ouvrir ce dialogue». Outre l'ouverture du dialogue, M.Jamil a discuté à Moscou d'un projet d'organiser une élection présidentielle anticipée avec la participation de tous les candidats qui le souhaitent, y compris Bachar Al Assad, sous une supervision internationale, selon des sources politiques à Damas. Mais l'idée d'un dialogue sans la démission d'Al Assad a été catégoriquement rejetée par l'opposition syrienne qui réclame le départ du régime. Le Conseil national syrien (CNS, principale coalition de l'opposition), a indiqué par ailleurs qu'il «étudie» la formation d'un «gouvernement de transition». A l'issue d'un entretien avec le président français François Hollande à Paris, le chef du CNS a affirmé que la formation d'un «gouvernement de transition» est «un processus qui demande beaucoup de consultations», estimant que «l'essentiel» était la formation d'un gouvernement de «l'intérieur» de la Syrie. La proposition avancée par le régime de Damas pour un dialogue avec l'opposition syrienne a été accueillie avec scepticisme par les Etats-Unis qui par la voix de leur porte-parole de la diplomatie, Victoria Nuland ont souligné n'avoir «rien vu de terriblement nouveau». En revanche, la Russie a appelé les puissances occidentales à mettre en place les conditions nécessaires pour l'ouverture d'un dialogue entre les différentes parties syriennes en conflit. «La réconciliation nationale est le seul moyen d'arrêter au plus vite l'effusion de sang et mettre en place les conditions pour que les Syriens eux-mêmes s'asseyent à la table des négociations, et définissent le destin de leur pays sans aucune ingérence extérieure», a souligné le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. Pour le chef de la diplomatie russe, «la seule chose que doivent faire les acteurs étrangers est de créer les conditions pour l'ouverture d'un dialogue». M. Lavrov avait toutefois reconnu que les efforts du régime syrien pour mettre fin aux violences étaient encore insuffisants, tout en soulignant qu'il n'y avait pas d'autre solution que de continuer sur cette voie. Ces nouveaux développements interviennent alors que le nouveau médiateur des Nations unie, Lakhdar Brahimi, nommé vendredi en remplacement de Kofi Annan débutait sa mission pour tenter de mettre un terme aux violences. M. Annan qui avait démissionné, avait justifié son départ par le manque de soutien de la communauté internationale. «J'espère que le Conseil de sécurité me soutiendra plus qu'il ne l'a fait avec Kofi Annan», a souhaité M.Brahimi dans une déclaration aux médias, estimant que le Conseil «n'a pas soutenu Kofi Annan comme il le devait». Tout en qualifiant sa mission de difficile, le nouvel émissaire a estimé qu'en Syrie, «le changement est inévitable, un changement sérieux, un changement fondamental, pas cosmétique», sans préciser si le départ de Bachar Al Assad du pouvoir était nécessaire.