« La Syrie est prête dans le cadre d'un processus de négociations complètes et honnêtes avec l'opposition à examiner toutes les questions y compris l'éventualité d'une démission de Bachar al-Assad », déclare depuis Moscou, Qadri Jamil, le vice-Premier ministre et ministre du Commerce syrien, après un tête-à-tête avec Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie russe. Précisions du représentant de l'opposition intérieure syrienne au gouvernement à l'endroit du CNS (Conseil national syrien), et des radicaux qui veulent le départ de Bachar « avant » d'ouvrir la moindre négociation : primo, il est hors de question d'envisager le départ du président comme préalable à ces éventuelles négociations ; deusio, les instances politiques de l'opposition doivent exprimer leur refus de toute ingérence étrangère ; tertio, les groupes armés doivent cesser les violences. « Telles sont les conditions sine qua non à l'acceptation par le gouvernement syrien d'un dialogue national », dit-il avant de revenir sur la vraie raison de son séjour à Moscou : la finalisation d'un accord permettant à la Syrie d'exporter en Russie son pétrole pour faire tourner son économie sous embargo euro-américain. Certains médias lui prêtent une autre raison : donner l'avis de la Syrie sur un projet que compte présenter sous peu la Russie, au Conseil de sécurité : organiser, sous supervision internationale, une élection présidentielle anticipée avec la participation de tous les candidats qui le souhaitent. Les Etats-Unis, les Européens et les monarchies du Golfe qui réclament le départ du président syrien, accepteraient-ils la candidature d'Al Assad ? Pas sûr. « Nous avons entendu (...) les déclarations du vice-premier ministre. Elles n'apportent rien de nouveau, le gouvernement syrien sait ce qu'il faut faire. Ce n'est pas la peine de compliquer les choses comme le fait Qadri Jamil », déclare Victoria Nuland, la porte-parole du département d'Etat américain. « Washington ne voit pas la nécessité d'un dialogue entre Damas et l'opposition, le départ du président Assad étant la condition sine qua non au règlement », poursuit-elle. La France et les Etats-Unis, qui ont régulièrement répondu « sur le plan militaire » à la demande du « CNS », une coalition de l'opposition sous domination des Frères musulmans établie essentiellement en Turquie et de l'« armée libre syrienne », refusent de prendre acte des ouvertures de la Syrie. Pour eux, Bachar doit « hâter son départ », le CNS doit se préparer à former « le plus rapidement possible » un gouvernement de transition qui « associera toutes les composantes de la société pour éviter des règlements de comptes » et une intervention militaire n'est plus exclue. « Propagande », rétorque M. Jamil. Sur le terrain où la bataille n'est pas près de s'essouffler, les rebelles s'attribuent des « avancées » et des « adhésions » massives de la population. « Ce ne sont pas les terroristes qui avancent, c'est l'armée qui progresse doucement », affirme Damas. Conséquence de ce conflit qui ne semble pas près de cesser, des hommes armés sunnites et alaouites sont aussi sur le pied de guerre à Tripoli, chez le voisin libanais qui commence à recevoir, lui aussi, un renfort de djihadistes.