La fête continue pour les commerçants Cette situation de pénurie risque de perdurer au moins jusqu'à dimanche prochain. Les Algériens n'ont rien à manger! Ce n'est pas à cause d'une quelconque crise, mais ce sont les dommages collatéraux de l'Aïd. En effet, depuis le 1er jour de l'Aïd, faire ses courses en Algérie relève du miracle. Les Algériens ne trouvent pas de quoi manger! Les aliments de base comme le pain et le lait sont introuvables. Même l'eau minérale est devenue très rare. Pas de bouteilles d'eau minérale dans les commerces. Les Algériens ne peuvent donc même pas vivre... d'amour et d'eau fraîche. Et si par chance ils arrivent à trouver l'une de ces denrées, ils sont payés au double de leur prix! Si vous en trouvez, c'est prix double Des commerçants sans foi ni loi profitent de la situation pour dicter leur loi. Le pain, si vous avez la chance d'en trouver, est cédé par certains commerçants à 15 dinars la baguette, alors que son prix réel est de 8,50 DA. Le lait est, quant à lui, cédé à 30 dinars, alors que la petite bouteille d'eau minérale qui, en temps normal coûte 15 dinars est vendue à 25 dinars, au même prix que la grande bouteille. Vous direz, «l'eau minérale ce n'est pas un problème, il reste celle du robinet». Mais pour les personnes malades et les bébés, l'eau minérale est pour eux comme le pain et le lait, indispensable! Les promesses des pouvoirs publics d'assurer la disponibilité des produits de large consommation et l'ouverture des commerces pendant et après l'Aïd el Fitr, sont restées lettre morte. Tout comme celles de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa). Un petit tour dans les artères de la capitale nous permet de le constater! Les boulangeries de la capitale qui ont ouvert n'ont pu, dans leur grande majorité, satisfaire la demande en pain, a-t-on constaté. Outre une consommation effrénée, le manque de pain est dû également aux faibles quantités produites. «Cela en raison de l'absence des ouvriers boulangers qui sont originaires des autres wilayas», ont expliqué les boulangers d'Alger. Beaucoup d'entre eux ont donc baissé rideau car la majorité de leurs employés ont profité des deux jours pour passer l'Aïd en famille, et ce jusqu'à la fin de la semaine. Au grand dam des citoyens qui ont dû sillonner plusieurs quartiers de la capitale dans l'espoir d'obtenir quelques baguettes de pain. Un véritable parcours du combattant pour une bouchée de pain. «On court toute l'année pour assurer le «pain» de nos enfants au sens figuré des choses. Mais pendant la période de l'Aïd on ne trouve pas ce pain, au sens propre du terme», déplore, de son côté, Karim, fonctionnaire de son état et père de trois enfants. Un autre citoyen s'est interrogé, à ce propos, sur l'intérêt des boulangeries de garde qui ne sont pas en mesure de satisfaire la demande. «Benbada l'a promis, on est venu, on a vu et, encore, une fois, on a été déçus...», dénonce, de son côté, Slimane, enseignant. «Heureusement que j'ai pris mes précautions. Si je m'étais fié à la parole du ministre et des commerçants, j'aurais jeûné une semaine de plus...», poursuit-il. Ambiance de famine! La réponse de Slimane est lourde de sens puisqu'il est vrai que ce n'est pas seulement le pain qui a manqué mais presque tous les produits alimentaires. Que ce soit à l'est, à l'ouest ou au centre de la capitale, la plupart des commerçants ont baissé rideau, laissant les citoyens livrés à eux-mêmes dans une capitale déserte. Les longues files indiennes devant les commerce ont refait leur apparition comme à l'époque socialiste! Donc pas de pain, pas d'alimentation générale et encore moins de viande, fruits et légumes pour les citoyens; au moins jusqu'à dimanche... Enfin, pour les commerçants qui ontpris la peine d'ouvrir... «Les grossistes nous ont fait savoir qu'ils ne pouvaient pas nous approvisionner jusqu'au début de la semaine prochaine», confie Kamel, gérant d'une supérette. Cette situation nous pousse à nous interroger sur ces commerçants qui défient l'autorité de l'Etat. Comment peuvent-ils désobéir à l'Etat sans que celui-ci ne réagisse? Cette situation n'est-elle pas la suite du laisser-aller et de la complaisance à l'égard de l'informel? L'Union nationale des boulangers est même allée jusqu'a arrêter un programme spécial pour l'Aïd el Fitr, mais, comme à chaque fois,...peine perdue!. Les Algériens, qui n'ont rien trouvé à manger, ont encore une fois été «bouffés» par les commerçants...