Les promesses des pouvoirs publics d'assurer la disponibilité du pain et l'ouverture des commerces pendant les deux jours de l'Aïd el Fitr, sont restées lettre morte. Les boulangeries de la capitale n'ont pu, dans leur grande majorité, satisfaire la demande de pain lors de la fête de l'Aïd el Fitr, a-t-on constaté. En dépit des quantités supplémentaires prévues en cette occasion, selon un boulanger à Bab El Oued, les citoyens craignant la fermeture des boulangeries le deuxième jour de l'Aïd, ont préféré s'approvisionner en grande quantité. «C'est déjà un miracle d'avoir trouvé une boulangerie ouverte. Alors on préfère ne pas prendre de risque», nous confie un citoyen qui était heureux d'avoir pu acquérir cette fameuse baguette de pain. «C'est pareil chaque année. On sait a quoi s'attendre...», ajoute-t-il. Outre une consommation effrénée qui a vu les quelque 6000 baguettes prévues pour le premier jour de l'Aïd, vendues avant 9h du matin par chaque boulangerie, le manque de pain est dû également aux faibles quantités produites. Cela en raison de l'absence des ouvriers boulangers qui sont originaires des autres wilayas, ont expliqué les boulangers d'Alger. Cette situation a poussé les consommateurs à sillonner plusieurs quartiers de la capitale dans l'espoir d'obtenir quelques baguettes de pain. Un véritable parcours du combattant pour «une bouchée» de pain. «On court toute l'année pour assurer le «pain» de nos enfants au sens figuré des choses. Mais pendant l'Aïd on ne trouve pas ce pain, au sens propre du terme», regrette, de son côté, Karim, fonctionnaire de son état et père de trois enfants. Un autre citoyen s'est interrogé, à ce propos, sur l'intérêt des boulangeries de garde si celles-ci ne sont pas en mesure de satisfaire la demande. «Benbada l'a promis, on est venu, on a vu et, encore une fois, on a été déçus...», dénonce, de son côté Slimane, enseignant. «Heureusement que j'ai pris mes précautions. Si je m'étais fié à la parole du ministre et des commerçants, j'aurais jeûné une semaine de plus...», poursuit-il. La réponse de Slimane est lourde de sens puisqu'il est vrai que ce n'est pas seulement le pain qui a manqué mais tous les produits alimentaires. Que ce soit à l'est, à l'ouest ou au centre de la capitale, la plupart des commerçants avaient baissé rideau, laissant les citoyens livrés à eux-mêmes et la capitale apocalyptique. Donc pas de pain, pas d'alimentation générale et encore moins de viande, fruits et légumes pour les citoyens pour peut-être jusqu'à dimanche... Enfin, si les commerçants prennent la peine d'ouvrir... Cette situation pousse à s'interroger sur ces commerçants qui défient l'autorité de l'Etat. Comment peuvent-ils désobéir à l'Etat sans que ce dernier ne réagisse? Cette situation n'est-elle pas la suite du laisser-aller et de la complaisance avec l'informel? L'Union nationale des boulangers est même allée jusqu'a arrêter un programme spécial prévoyant la mobilisation durant l'Aïd el Fitr de 8000 boulangeries dont 1500 à Alger, mais peine perdue.