Les ménagères ont dû recourir au couscous et aux pâtes (rechta) les premiers jours de l'Aïd à défaut du pain. Mais la pénurie s'est étendue jusqu'à hier. S'il est vrai que les boulangers traversent actuellement une période de crise, il n'en reste pas moins que les pénuries récurrentes que l'on connaît au lendemain de chaque fête religieuse (Aïd el-Fitr, Aïd el-Adha) deviennent de plus en plus sérieuses au point de constituer un véritable problème qui prend des proportions alarmantes. Une tournée dans la capitale a confirmé cette situation qui visiblement ne suscite pas encore une réaction des pouvoirs publics. Hier, 4 jours après l'Aïd el-Fitr, trouver une baguette de pain est synonyme de parcours du combattant. Pratiquement, beaucoup de boulangeries sont restées fermées. Les citoyens se sont retrouvés contraints de “ratisser” dans les différents quartiers dans l'espoir de trouver une boulangerie ouverte et surtout d'y trouver du pain. Même dans les supérettes ou la galette était souvent disponible affichait “zéro” pain. À la rue Belouizdad, une boulangerie était ouverte. Mais avec le rideau levé et la porte fermée. “Ce n'est pas normal”, nous dit une femme rencontrée sur place, qui a vu à travers la vitre, les étals vides “ni pain ni gâteau, pourquoi fait-il alors semblant de travailler ?”. Un homme qui suivait la discussion lui a expliqué que c'est “sûrement pour tromper les contrôleurs, il fait croire qu'il a tout vendu !” Même chose à Belcourt. Ici les habitants sont désormais habitués à ce genre de situation ; les fêtes riment paradoxalement avec pénurie. Et quelle pénurie, celle du pain. la boulangerie du quartier reste fermée des fois pendant une semaine. “Les employés sont de Jijel. Ils se rendent chez eux, on les comprend mais au moins qu'ils assurent le service minimum pour leur clientèle”, affirment les riverains. La pénurie est telle qu'à la vue de toute personne portant un sachet de pain, c'est tout le monde qui accourt. Le “suspect” est vite “localisé” et interrogé sur le lieu de la boulangerie. C'est quand même une aberration lorsque toute une capitale vit ce genre de problème qui n'est pas censé exister si les autorités assuraient les contrôles nécessaires. “D'habitude, j'achète mon pain la veille de l'Aïd et je le congèle, mais on a tout consommé quand même. j'ai fait du couscous, des pâtes mais le pain reste indispensable”, nous dit une mère de famille rencontrée près de la place Audin à Alger-Centre. Pourtant, l'Union générale des commerçants (UGCAA) recommande chaque année aux commerçants de respecter le consommateur durant ces deux jours, mais peine perdue puisque on est au 5e jour sans pain, sans lait et les restaurants sont toujours fermés.