La réalisation de l'échangeur des Quatre-Chemins risque d'être encore une fois retardée. L'opposition du groupe Sonatrach s'est subitement manifestée pour stopper les travaux dont les délais de réalisation étaient de 18 mois. En attendant, l'arbitrage des ministères de l'Energie et des Mines, des Travaux publics et des Finances, saisis à cet effet par les deux parties, en l'occurrence Sonatrach et l'administration. Le blocage des projets et leur retardement n'est pas un fait nouveau à Béjaïa. Il a toujours existé. Si jusque-là, ce phénomène relevait des oppositions citoyennes et du manque des crédits et d'entreprises de réalisation, c'est la première fois que deux administrations sont en désaccord autour d'un ouvrage d'art, qui allait pourtant se matérialiser, 15 ans après son inscription. Ce projet structurant, qui reste d'une importance capitale pour une ville en perpétuelle mutation, a survécu à trois walis. L'actuel wali en exercice a réussi le pari de le lancer avant que ne surgisse le «veto» de la Sonatrach. Pour contrecarrer cette opposition, le wali compte sur le pouvoir judiciaire pour exiger de Sonatrach le déplacement de son pipeline, entré en service en 1958. Comme l'échangeur des Quatre-Chemins, des dizaines de projets sont en souffrance à travers la wilaya de Béjaïa. Du secteur de l'hydraulique jusqu'à celui des transports en passant par l'habitat et bien d'autres secteurs, des projets sont bloqués pour des raisons souvent liées aux oppositions citoyennes. Jugée comme région sensible, les pouvoirs publics laissent faire et n'osent pas souvent intervenir pour lever ces entraves. Des dizaines de carrières d'agrégats, dont le besoin en la matière est plus que jamais pressant face au plan de charge de la wilaya, sont bloquées par des habitants limitrophes qui craignent pour leur santé et leur quiétude. Conséquence! Les agrégats nécessaires à la réalisation des projets de la wilaya sont importés d'ailleurs avec un surcoût considérable et une perte de temps aggravée par les coupures de routes intempestives. C'est la réalité amère à Béjaïa. Quand on sait que la réalisation du dédoublement de la RN 12 a mis plus de huit ans sur une distance de 25 kilomètres, entre le chef-lieu et la ville d'El Kseur, on imagine mal la concrétisation de celui de la Nationale 26, qui prend naissance à partir d'El Kseur jusqu'aux frontières de la wilaya de Béjaïa. Ce projet, qui allait être sacrifié sur l'autel de la pénétrante, refait surface à différentes occasions avec cette inquiétude liée aux oppositions citoyennes qui risquent fort de l'entraver sachant que le parcours est jouxté d'agglomérations. Le dédoublement de la voie ferrée, Béjaïa - Beni Mansour, son électrification sont au stade de projet. Le programme des logements, le tramway, l'extension du port et de l'aéroport sont autant de projets dont la concrétisation n'est pas pour demain dans une wilaya où les mésententes s'accumulent pour donner l'impression d'une entente tacite quasi générale pour maintenir le statu quo. C'est le constat fait par tout le monde. Un constat dont semblent se complaire tant l'exécutif que les assemblée élues pendant que la situation se complique chaque jour plus et le citoyen éprouve tout le mal du monde à vivre sereinement.