Ross lors d'une visite dans les territoires sahraouis Le ministre marocain délégué aux Affaires étrangères et à la Coopération, Youssef Amrani, conditionne la reprise des négociations entre le Front Polisario et le Maroc, par la nomination d' «un nouveau médiateur onusien». Est-ce une fin de non-recevoir à la «sentence» de M.Ban? Le Makhzen a en tous les cas répondu d'une bien étrange façon au Secrétaire général de l'Organisation des Nations unies à propos de sa décision de maintenir Christopher Ross à son poste d'envoyé spécial de l'ONU pour le Sahara occidental. C'est en effet, à travers une interview réalisée par «Jeune Afrique» à Addis-Abeba (Ethiopie) en marge de la réunion de l'Union Africaine (UA), qui s'est tenue les 14 et 15 juillet dernier que le Maroc a «officiellement» réagi à la décision de Ban Ki-moon.«Sur la question du Sahara, nous avons besoin d'un nouveau médiateur onusien afin de reprendre les négociations et de parvenir à une solution mutuellement acceptable basée sur l'esprit de compromis et le réalisme», aurait affirmé le mois dernier à l'hebdomadaire panafricain édité à Paris le ministre marocain délégué aux Affaires étrangères et à la Coopération Youssef Amrani, a rapporté l'agence de presse officielle marocaine MAP dans une dépêche datée du 27 août 2012. Une déclaration gardée bien au chaud rendue publique à point nommé? Pourquoi pas? Cela lui ressemble de toute manière. Il pourrait s'agir aussi d'un concours de circonstances qui confirme que le hasard fait bien les choses. Quel que soit le canal utilisé, il aurait en tous les cas été impensable que Rabat puisse rester trop longtemps muette à ce sujet. C'est désormais chose faite! Le silence est brisé. Le bras de fer avec le SG de l'ONU continue. Le gouvernement marocain annonce la couleur. Il ne négociera avec le Front Polisario que sur la base de sa proposition. «En ce sens, le Maroc propose de discuter sur la base d'une large autonomie du Sahara.» C'est là aussi une certaine manière de répondre au Front Polisario qui a, tout récemment, formulé l'espoir de voir reprendre rapidement les négociations tout en prenant «note» de la confirmation de Christopher Ross en tant que représentant personnel, par le Secrétaire général de l'ONU. «Après des mois de blocage inutile et des décennies de souffrance du peuple sahraoui, le Front Polisario espère une reprise rapide des négociations et appelle le Conseil de sécurité à prendre la situation en main et accélérer le processus en arrêtant un calendrier précis et une date limite pour la tenue d'un référendum d'autodétermination en vue de mettre un terme au conflit maroco-sahraoui comme le recommandent le droit international et les résolutions de l'Assemblée générale et du Conseil de sécurité», a indiqué le coordinateur sahraoui avec la Minurso (Mission des nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental) Mhamed Khadad, cité par une dépêche de l'agence de presse sahraouie SPS du 26 août 2012. Il est à remarquer que le ministre marocain délégué aux Affaires étrangères qui a plaidé pour une «relance de l'intégration régionale» dans le cadre de l'Union du Maghreb Arabe (UMA), a laissé entendre dans l'entretien accordé à Jeune Afrique que le différend maroco-algérien sur la question du Sahara qui a servi d'alibi et de chantage au retard que connaît la construction du Maghreb ainsi qu'à l'ouverture des frontières terrestres avec l'Algérie «ne devrait plus être un obstacle à l'évolution d'autres problématiques». Le Sommet de l'UMA qui doit se tenir à Tunis avant la fin de l'année, sera axé sur trois «priorités: la libre circulation des capitaux et des hommes, la mise en place d'une zone de libre-échange et la création d'instruments juridiques et financiers pour accompagner les investissements», a confié Youssef Amrani... Kerry Kennedy aujourd'hui à Tindouf La délégation de la Fondation Robert-Kennedy, qui doit publier un rapport sur la situation au Sahara occidental au terme d'une visite au Maghreb, s'est entretenue, hier matin à Rabat avec le Conseil national des droits de l'Homme (Cndh), un organisme officiel marocain. En provenance de Laâyoune, chef-lieu du Sahara occidental, où elle a notamment rencontré ces derniers jours des élus locaux et des responsables d'associations indépendantistes sahraouies et pro-marocaines, la délégation a également échangé avec des parlementaires, selon sa présidente Kerry Kennedy. De même source, elle devait se rendre dans l'après-midi d'hier dans les camps de réfugiés sahraouis à Tindouf.