Pour faire baisser les prix du carburant, le groupe des sept pays les plus industrialisés invitent les pays producteurs (Opep) à ouvrir davantage leurs vannes. A chacun ses problèmes. Les pays occidentaux se plaignent du niveau des cours du pétrole qu'ils estiment trop élevés. Les pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, à l'instar de l'Algérie, du Venezuela ou de l'Iran ont besoin d'un baril de pétrole à 100 dollars, voire plus pour faire face à leurs importations, assurer leur équilibre budgétaire et la paix sociale. Schématiquement, le décor est ainsi planté. Il montre que les intérêts des uns et des autres sont aux antipodes. Si en Algérie, la flambée des prix des produits de consommation de base des fruits et légumes et des viandes ont laissé le gouvernement les bras ballants et pratiquement sans réaction, en Occident, en France en particulier, les prix de l'essence à la pompe sont devenus un vrai casse-tête pour le nouveau président français et son équipe pour tenter de faire baisser la grogne des automobilistes. Le ministre français de l'Economie et des Finances prend le taureau par les cornes et attaque le «mal» à la racine. «Je viens d'obtenir que mes homologues du G7, les grands pays industrialisés, signent un communiqué pour appeler à la hausse de la production de la part des pays producteurs, pour faire baisser les prix du pétrole», a annoncé mardi Pierre Moscovici. Pour faire baisser les prix du carburant, le groupe des sept pays les plus industrialisés invitent les pays producteurs de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole à ouvrir davantage leurs vannes. Du coup, ils remuent le couteau dans la plaie et ouvrent à nouveau un débat qui a montré de profondes divisions au sein de l'Opep. L'Arabie Saoudite sera inévitablement sous les feux de la rampe à moins que Riyadh ne fasse la sourde oreille à ce nième appel du pied des pays gros consommateurs d'or noir. L'offre de l'Arabie Saoudite a atteint un niveau historique depuis le mois de décembre 2011. Elle est passée de 9,45 millions de barils par jour (mbj) à plus de 10 mbj en avril 2012. Le prétexte était de compenser l'offre iranienne, qui a fortement diminué suite à l'embargo décidé par l'Europe. La production de l'Opep dépasse largement le plafond des 30 millions de barils par jour qui avait été fixé au mois de décembre de l'année dernière. Cela a eu pour conséquence de faire perdre près de 30 dollars au baril de Brent entre le mois de mars et le mois de juin 2012. «J'espère qu'il y aura une prise de conscience sur l'effet négatif (de l'augmentation de la production du pétrole, Ndlr) sur les prix, notamment ces dernières semaines et que l'Opep court ainsi un risque réel», avait fait remarquer le ministre algérien de l'Energie, Youcef Yousfi, en marge du 5e séminaire de l'OPEP qui a fini par maintenir le plafond de sa production à 30 millions de barils par jour, lors de sa réunion du 14 juin. Pas une goutte de plus. L'offensive du G7 ressemble beaucoup plus à un plan B. Celui qui consiste à ouvrir les vannes de ses réserves stratégiques. Les Etats-Unis ont battu le rappel de leurs traditionnels alliés (France, Grande-Bretagne...) et avaient annoncé le 3 septembre comme date butoir pour mettre leur projet (le recours aux réserves stratégiques) à exécution dans le cas où les prix du pétrole n'auraient pas baissé...On n'est plus qu'à J-3.