[A qui profite la baisse des prix?]A qui profite la baisse des prix? La plupart des pays membres de l'Opep, dont l'Algérie, s'inquiètent de la chute des prix du pétrole et envisagent une baisse des quotas lors de la réunion qu'ils tiendront jeudi à Vienne. Riyadh a de son côté appelé l'Opep à augmenter sa production. Que cherche le Royaume Wahabite? La confrontation peut-être. Il n'est, effectivement de secret pour personne que les Saoudiens ont inondé le marché pétrolier et ont contribué à faire baisser dangereusement les prix du baril de pétrole. Comble de l'histoire, ils enfoncent le clou. Le ministre saoudien du Pétrole a, en effet, invité les pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole à relever les objectifs de production de l'Opep qui assure plus de 30% de la demande mondiale. «Notre analyse suggère que nous allons avoir besoin d'un plafond plus élevé que celui qui existe actuellement», a déclaré le 11 juin Ali al Naïmi dans une interview accordée à la revue Gulf Oil. Un point de vue qui résonne comme une provocation. Le Venezuela a déjà réagi. «Lors de la réunion, nous appellerons très fermement les pays qui surproduisent à réduire», a déclaré le ministre vénézuélien du Pétrole Rafael Ramirez. «Il faut s'attendre à voir s'accroître les pressions pour que l'Arabie Saoudite réduise sa production afin d'enrayer le repli des prix», soutient l'analyste de Commerzbank, Carsten Fritsch. Il faut souligner que l'offre de l'Arabie Saoudite a atteint un niveau historique depuis le mois de décembre 2011, passant de 9,45 millions de barils par jour (mbj) à plus de 10 mbj en avril 2012. Le prétexte était de compenser l'offre iranienne, qui aurait diminué de 300.000 barils par jour. La production de l'Opep dépasse ainsi largement le plafond des 30 millions de barils par jour qui avait été fixé au mois de décembre de l'année dernière, s'élevant désormais depuis le mois d'avril 2012 à 31,85 millions de barils par jour. L'Arabie Saoudite devrait être rappelée à l'ordre. L'Algérie donnera certainement de la voix. «J'espère que nous allons trouver un consensus pour corriger la situation s'il s'avère que le plafond de 30 millions de barils/ jour a été dépassé, s'il ne l'est pas, nous allons encore examiner la détérioration des prix de ces derniers jours», avait indiqué le ministre algérien de l'Energie et des Mines, en marge de la conférence mondiale du gaz qui s'est tenue à Kuala Lumpur (Malaisie). Les pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole ont manifesté leur préoccupation suite «à la détérioration du marché», avait ajouté Youcef Yousfi. Une déclaration confortée par la déclaration du ministre koweïtien du Pétrole «Certains membres de l'Opep sont inquiets des prix et de ce qui se passe sur le marché pétrolier... Une certaine inquiétude se manifeste à propos de l'orientation des prix et de la production», a affirmé, lundi, Hani Hussein. L'Arabie Saoudite sera probablement sur le banc des accusés. En effet, alors que la sévère baisse des cours de l'or noir est imputée à un excédent de la production de l'Opep, de l'Arabie Saoudite en particulier, Riyadh ne propose ni plus ni moins que d'accentuer la chute du prix du baril en ouvrant un peu plus les vannes de l'organisation alors qu'aucun signe n'augure d'une reprise de la croissance de l'économie mondiale et que les stocks américains ont atteint leur niveau de 1990. Une sérieuse menace pour la plupart des pays membres de l'Opep dont les économies dépendent essentiellement de leurs exportations en hydrocarbures en général et du pétrole en particulier. Elles assurent près de 98% des recettes en devises pour l'Algérie, 80% pour la république islamique d'Iran et le Venezuela...La réunion que tiendront les pays membres de l'organisation des pays exportateurs de pétrole demain à Vienne (Autriche) s'annonce des plus tendues. La sortie médiatique du ministre saoudien du Pétrole n'est, en effet, pas faite pour apaiser les esprits qui donnent l'impression de vouloir s'échauffer avant le rendez-vous de jeudi. Explications: la sévère baisse des cours de l'or noir est imputée à un excédent de la production de l'Opep. Les cours de l'or noir ont chuté de près de 30 dollars en l'espace de trois mois ramenant le Brent de la mer du nord côté à Londres de 128 dollars à moins de 100 dollars alors qu'à New York le brut léger Texan qui flirtait avec la barre des 110 dollars se négocie autour des 83 dollars. «Notre action a permis aux prix du pétrole de baisser de 128 dollars en mars à environ 100 dollars aujourd'hui, ce qui a comme stimulé les économies européennes et mondiales», a reconnu Ali al Naïmi. Le ministre saoudien du Pétrole fera-t-il amende honorable? Réponse le 14 juin.