«J'observe la société qui m'entoure et j'écris en général moi-même mes scénarios. Pourtant, alors que je vis depuis longtemps en France, j'ai toujours envie de parler de choses qui concernent l'Algérie et mes personnages ont presque toujours un rapport avec ce pays.» Merzak Allouache Alors que le cinéma algérien est de plus en plus ignoré par l'Entv, les films algériens sont de plus en plus diffusés sur les télévisions étrangères. Ainsi, après France Télévision, qui a diffusé durant l'été, deux films de Merzak Allouache, voilà que la chaîne tunisienne privée, Nessma TV, s'y met en diffusant des films du même auteur. Toujours à l'affût des productions algériennes pour attirer des annonceurs et par ricochet des téléspectateurs algériens, Nessma TV a diffusé les deux avant-derniers films de Merzak Allouache: Bab El web et l'Autre monde. Le plus aberrant dans cette affaire est que ces deux films ont été co-produit par l'Entv mais jamais diffusés sur la chaîne nationale. Même chose pour le film de Okacha Touita «Morituri», qui a été diffusé vendredi soir dernier sur la Télévision des Karoui. La Télévision tunisienne aurait proposé aux producteurs des films algériens entre 4000 et 5000 euros pour une diffusion durant six mois. Pourquoi l'Entv investit des milliards pour produire et coproduire des films algériens qui ne sont jamais diffusés et qu'en revanche sont ensuite revendus par des producteurs à des prix défiant toute concurrence à des Télévisions étrangères. Même si Nessma TV a le droit d'acheter à n'importe quel prix les films algériens, elle n'a pas le droit de brader le cinéma national. Surtout que la chaîne Nessma TV a censuré comme le fait l'Entv, toutes les scènes de baiser et de nus qui apparaissent sur les films de Merzak Allouache. Alors à quoi bon les diffuser sur une chaîne étrangère si le film est traité de la même manière que s'il est diffusé sur une Télévision algérienne. Dans le passé, Nessma TV pouvait diffuser les films entièrement sans coupure. Il est clair que le plus grand perdant dans cette affaire c'est l'Entv qui voit ainsi son investissement servir d'autres cieux. Cette mauvaise gestion des producteurs antérieurs méritent l'installation d'un responsable des coproductions étrangères. Car sur chaque centime récolté par un producteur, l'Entv doit prendre 50%. C'est l'argent public qui est ainsi perdu par la Télévision publique pour une histoire de politique audiovisuelle. La majorité des films de Allouache, de Bab El Oued City à Harraga, ne sont pas diffusés sur la Télévision algérienne, à cause en grande partie de la politique de réconciliation nationale qui interdit la diffusion de films sur l'Entv traitant des histoires qui évoquent la Tragédie nationale. Cette politique nuit à la production cinématographique algérienne d'où la question lancinante: «Pourquoi produire des films qui ne sont pas diffusés ensuite?» Affaire à suivre! [email protected]