Les événements du 11 septembre ont eu pour effet d'élargir la base sous-jacente. Le contrôle interne et la lutte contre le blanchiment d'argent ont été au centre d'une conférence-débat animée hier à Alger par M. Jean Micheau, conseiller du gouvernement de la Banque de France et président du groupe d'action financière de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme pour le Moyen-Orient et l'Afrique (Gafi). Au cours de cette conférence, le conférencier a mis en avant l'importance d'une action ordonnée au plan international pour combattre le blanchiment et tarir les sources de financement du terrorisme. D'ailleurs, il a rappelé que les statistiques du FMI affirment que l'ampleur de ce phénomène se situe à environ 1,2 % du PIB mondial, soit 600 milliards de dollars. Dans le souci d'accorder les actions menées contre ce phénomène préjudiciable à toute économie, le représentant du Gafi souligne que son organisme a mis au point une série de 40 recommandations fondées sur la criminalisation du blanchiment à travers une sévère législation, la mise en place d'unités de renseignement financier et une coopération plus souple entre les diverses administrations financières. A ces recommandations sont venues s'ajouter 8 mesures que le Gafi a adoptées à la suite des événements du 11 septembre 2001. Celles-ci concernent notamment la signature et la ratification des conventions internationales relatives au terrorisme, la criminalisation du financement du terrorisme et des organisations terroristes, le gel et la confiscation des actifs des terroristes, l'obligation de déclaration des actifs suspects et le contrôle des moyens de transfert de fonds alternatif, telle la hawala qui permet dans les pays du Moyen-Orient et en Asie de transférer les revenus des émigrés essentiellement en toute sécurité mais aussi avec rapidité et moyennant des commissions très attractives. Malheureusement, ces mesures de lutte contre le blanchiment d'argent relèvent de l'équilibrisme du fait que le banquier est soumis au sacro-saint principe du secret bancaire, regrette M.Jean Micheau. Pour contourner ce handicap, l'orateur plaide pour la mise en place, au niveau des institutions bancaires, d'un système de surveillance qui permettra, dans une certaine mesure, de limiter la gravité du phénomène qui se déploie dans les domaines des opérations de change, des crédits documentaires, des transferts internationaux et des comptes d'institutions non réglementées telles les associations caritatives. «Il est impératif pour le banquier de connaître le profit économique de son client pour pouvoir s'assurer que celui-ci est en adéquation avec le service sollicité et, au besoin, informer les unités de renseignements financiers», a-t-il recommandé. Cette mesure a permis d'enregistrer 3200 déclarations de suspicion en France au cours de l'année 2002.