Christopher Ross: «La Minurso est, depuis de nombreuses années, compromise par le Maroc» Un rapport du Centre Robert Kennedy fait état de cas de disparitions, de torture, de détentions arbitraires, de menaces, d'exécutions extrajudiciaires...par les forces d'occupation marocaines. Mission accomplie. La fondation Robert Kennedy pour la Justice et les droits de l'homme (RFK Center) a promis de rendre public un rapport après la visite qu'elle a effectuée du 25 au 31 août dans les territoires occupés et les camps de réfugiés sahraouis. C'est chose faite. Le verdict est tombé. Rabat doit grincer des dents. Le document de 11 pages fait état de cas de disparitions, de torture, de détentions arbitraires, de brutalités des forces policières, de menaces, d'intimidation et d'exécutions extrajudiciaires émanant d' organisations de la société civile et de personnes rencontrées dans plusieurs villes du Sahara occidental (El-Ayoun, Dakhla et Smara...) par la délégation composée de juristes, d'experts mondiaux en matière de droits de l'homme de l'ex-secrétaire général de l'Organisation mondiale Contre la torture (Omct), Erik Sottas, conduite par Kerry Kennedy, la présidente du centre américain Robert F. Kennedy pour la justice et les droits de l'homme. A ce propos, la représentation a exprimé sa «profonde préoccupation d'éventuelles représailles contre les personnes qui ont collaboré avec le RFK Center» durant sa mission. La Fondation américaine justifie ses craintes. Sa mission qui a remarqué «la présence de plusieurs véhicules militaires ou de police stationnés sur presque chaque coin de rue» au cours de son séjour à El-Ayoun, affirme qu'elle avait été elle-même «constamment surveillée par des agents de sécurité en civil marocains». Elle cite le cas de cette femme sahraouie qui manifestait pacifiquement brutalisée par des policiers marocains. «Les forces de sécurité marocaines, sont allées jusqu'à tenter d'empêcher la délégation d'être témoin de cet incident en recourant à des agressions verbales et physiques», souligne-t-elle dans son rapport. S'appuyant sur ce constat accablant qui épingle le Maroc sur la question de la violation des droits de l'homme des Sahraouis, le Centre RFK a appelé à l'urgence de l'instauration d'un «mécanisme international permanent afin de protéger les droits de l'homme du peuple sahraoui». Une démarche qui apporte de l'eau au moulin du représentant personnel du secrétaire général de l'Organisation des Nations unies qui avait remis un rapport, sur la situation qui prévaut au Sahara occidental, présenté par Ban ki-moon (SG de l'ONU) au Conseil de sécurité. Le document faisait état de l'extraction d'aveux de Sahraouis, sous la torture, par les forces marocaines et mettait en exergue les difficultés rencontrées par la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso). «J'ai présenté dans mon rapport une série de défis qui démontrent que la Minurso n'est ni dans la capacité d'exercer pleinement ses fonctions de surveillance demaintien de la paix et d'observation ni ne disposer de toute l'autorité pour contrecarrer l'effritement de son rôle...», avait écrit Christopher Ross dans un rapport examiné par le Conseil de sécurité, le 17 avril 2012, au sein duquel il signalait que le principe de neutralité de la Minurso «est, depuis de nombreuses années, compromis par le Maroc». Rabat a réagi en lui retirant sa confiance. Le SG de l'ONU lui a renouvelé la sienne. Le rapport de la fondation Robert Kennedy conforte l'objectivité de l'envoyé spécial de l'ONU pour le Sahara occidental et le remet en selle en ce qui concerne la question sahraouie...