Une organisation non gouvernementale crédible a témoigné de sa souffrance et des violations des droits de l'Homme dont il est quotidiennement victime dans l'enfer des territoires occupés. Et, il ne s'agit pas de n'importe quelle ONG. Il est question du prestigieux centre américain Robert F. Kennedy pour la justice et les droits de l'Homme (RFK Center) qui a délégué, la semaine dernière, dans les territoires sahraouis et dans les camps de réfugiés à Tindouf, une délégation conduite par sa présidente, Mme Kerry Kennedy, pour constater de visu la situation dramatique d'un peuple digne et fier, privé de son droit inaliénable à la liberté et à une existence souveraine. Elle est composée, notamment, de juristes et d'experts en matière des droits de l'Homme. Fait important et intangible, les sévices subies par la fille de Mme Kerry Kennedy, en témoin gênant du déni colonial. Le verdict est donc sans appel. Le rapport préliminaire de onze pages préparé par ce groupe, publié avant-hier, est accablant pour l'occupant marocain. Dans ce document, le groupe d'experts conseille au gouvernement marocain de mettre un terme « à la violence à l'encontre des Sahraouis pro-indépendance ». Il rappelle, dans ce sens, qu'« aucun pays ne reconnaît la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental et que plus d'une centaine de résolutions de l'ONU ont réaffirmé le droit à l'autodétermination des Sahraouis ». Accusé de partialité par les autorités marocaines, le RFK Center a tenu à préciser « ne pas prendre position quant au statut du Sahara occidental » et a souligné que si les deux parties au conflit (Front Polisario et Maroc) ne sont toujours pas parvenues à une solution sur l'avenir du Sahara occidental, cette situation ne doit pas toutefois occulter la question du respect des droits de l'Homme contenus dans plusieurs traités internationaux « pourtant signés et ratifiés par le Maroc ». Par ailleurs, le rapport préliminaire « reconnaît les changements positifs apportés à la Constitution marocaine tels la criminalisation de la torture, les détentions arbitraires et les disparitions forcées ainsi que le respect de la liberté d'expression ». A cet effet, il recommande que « des changements constitutionnels devraient être mis en place à travers des mécanismes appropriés pour permettre le plein exercice des droits des personnes qui sont sous juridiction marocaine, et ce, sans distinction ». Le RFK Center, qui combat « l'impunité quasi-absolue pour violation des droits de l'homme », a indiqué avoir rencontré des organisations de la société civile et des personnes de plusieurs villes du Sahara occidental dont El-Ayoun, Dakhla et Smara, attestant des cas de disparitions, de torture, de détention arbitraire, de brutalités des forces policières, de menaces, d'intimidation, d'exécutions extrajudiciaires et de violation des droits à la liberté d'expression, de réunion et d'association. Lors de son séjour dans les territoires occupés, la délégation a constaté « la présence de plusieurs véhicules militaires ou de police stationnés à chaque coin de rue » et a affirmé que pendant tout son séjour à El-Ayoun, elle avait été elle-même « constamment surveillée par des agents de sécurité en civil marocains ». Les forces de sécurité marocaines, poursuit le rapport, sont allées jusqu'à tenter d'empêcher la délégation d'être témoin d'un incident au cours duquel des policiers ont brutalisé une femme sahraouie. Elle se dit soucieuse « d'éventuelles représailles contre les personnes qui ont collaboré avec le RFK Center ». L'enfer vécu par les Sahraouis est ainsi présenté à l'opinion américaine.