Rebondissement ou canular ? Fuite en avant ou recentrage ? La sortie médiatique de Abdelkader Hadjar à propos du congrès projeté par les redresseurs va faire couler beaucoup d'encre. Reporté? Annulé? Ajourné sine die? Toutes les supputations sont bonnes. Abdelkader Hadjar, ambassadeur d'Algérie à Téhéran et accessoirement l'un des chefs les plus en vue du mouvement des redresseurs, vient de jeter un pavé dans la mare. Et, en tout cas, il est formel dans son affirmation. Le fameux congrès n'aura pas lieu. A le croire, le flou artistique qui entoure cette question depuis le début, aboutit inévitablement à un cul-de-sac, à savoir qu'il n'y aura ni un FLN-bis, option qui fait la politique du pire en risquant d'ajouter encore à la confusion, ni un congrès de la réconciliation, option médiane proposée par M.Abdelaziz Belkhadem et rejetée par les légalistes issus du 8e congrès et partisans d'Ali Benflis. Alors même que l'option judiciaire a toutes les chances de se perdre dans les méandres d'un appareil judiciaire lourd et lent, deux caractéristiques qui n'arrangent pas les redresseurs, qui sont pressés d'en découdre, alors que le flegme d'Ali Benflis laisse croire que le temps travaille pour lui. Est-ce à dire que tous les efforts fournis par les redresseurs depuis le mois de juin tombent à l'eau? Non, nous dit M.Hadjar. Dans le nouveau scénario échafaudé, c'est l'administration elle-même qui prend le relais pour faire invalider les instances et les décisions issues du 8e congrès ainsi que la candidature d'Ali Benflis prise par le congrès extraordinaire. Dans cette nouvelle mouture, C'est M.Yazid Zerhouni qui est appelé une nouvelle fois à la rescousse pour prendre en faute les partisans d'Ali Benflis sous le motif d'atteinte à l'ordre public, en se basant sur les lois d'exception stipulées dans l'ordonnance portant Etat d'urgence. Tout cela se tient bien sûr, sauf que sur cette question M. Abdelakader Hadjar semble faire cavalier seul. Quant à M.Si Afif, que nous avons joint au téléphone, il tient à démentir ces propos. Pour lui, qui est justement chargé d'organiser le congrès, les choses sont en bonne voie. «Il n'y a rien de changé à notre programme. La coordination nationale chargée de préparer ces assises travaille d'arrache-pied et le congrès sera organisé dans les délais, soit avant la fin de l'année, comme promis». Il ne fait aucun doute, après cela, que des divergences profondes divisent les redresseurs autour de cette question et de la stratégie à suivre en vue de couper l'herbe sous le pied de M.Ali Benflis. Sauf si l'option administrative n'est envisagée que dans le cas où des imprévus de dernière minute empêchent le congrès de se tenir. Une autre hypothèse peut venir à l'esprit: M.Hadjar n'aurait jeté ce pavé dans la mare que pour se remettre en selle et se rappeler à la bonne mémoire de ses adversaires au sein du mouvement des redresseurs. Aux premiers jours de la grande offensive lancée contre Benflis, on se rappelle que M.Hadjar était en première ligne et qu'il apparaissait même comme le meneur. Puis les choses ont évolué et une personnalité plus mesurée, à savoir M. Belkhadem a été appelée aux commandes du mouvement des redresseurs, d'autant plus qu'il n'a pas de prétention à être le secrétaire général du FLN «rénové», laissant ce rôle soit à M.Amar Tou, soit à M.Barkat. «Et pourquoi pas moi?» pourrait dire Hadjar. C'est la question que nous pourrions nous poser nous-mêmes. Bien malin qui pourra répondre à cette question, en l'état actuel des choses.