Les divisions à l'intérieur de la coordination des redresseurs ne sont que la partie visible de l'iceberg. En fait, elles ont des ramifications en profondeur qui s'irradient en autant de métastases. D'Oran, de Béjaïa ou de Constantine, ce sont les mêmes échos qui nous parviennent. Des structures parallèles sont installées dans ces différentes wilayas, selon la tendance ou la chapelle. Peut-être que l'objectif visé est le même, mais cet étalage de divergences ne sert pas ce mouvement, dont les initiateurs envisagent de «corriger les erreurs, voire les errements du 8e congrès du FLN». Et ce n'est sûrement pas avec de tels handicaps et de tels arguments que les redresseurs risquent d'empêcher la candidature d'Ali Benflis ni surtout de réussir à tenir leur congrès dit de «redressement». Où réside le défaut de la carapace ? A première vue et sans être grand clerc, on peut déduire que ce sont les problèmes de leadership qui réduisent à néant les efforts qui sont faits par ailleurs pour fédérer les partisans du président de la République au sein du FLN. Ces problèmes de leadership, qui sont le talon d'Achille de la structure mise en place pour invalider les résolutions et les instances du 8e congrès du FLN, n'ont pas fini de faire couler beaucoup d'encre et de défrayer la chronique, affichant au grand jour les ratés de la stratégie adoptée par les redresseurs. Qui sont d'abord ces redresseurs qui se disputent le leadership? Ce sont essentiellement M.Si Afif, député de Mostaganem, et M. Abdelkader Hadjar, ambassadeur à Téhéran, d'où il compte piloter un nouveau coup d'Etat scientifique contre le secrétaire général du FLN. Sur quoi porte exactement le différend entre les deux hommes? Le premier, qui est chargé de l'organique, affirme que le mouvement des redresseurs compte bien organiser le congrès avant la fin du mois de décembre, alors que le second affirme que ce serait une erreur tactique fatale, puisque cela reviendrait à défier la justice qui n'a pas encore rendu son verdict après la requête déposée par les redresseurs pour invalider le huitième congrès. En fait, ce que souhaite M.Hadjar, c'est que ce soit le ministère de l'Intérieur qui étudie les recours déposés par les opposants à la ligne de M.Benflis et qui décide de l'illégalité du 8e congrès et des instances qui en sont issues. Connu pour sa ténacité et sa capacité à ne pas céder sur ses positions, M.Hadjar ne dispute pas le leadership du mouvement à M.Si Afif, mais plutôt à M.Adelaziz Belkhadem lui-même. De son ambassade lointaine dans l'ancien empire perse, M.Hadjar revendique pour lui la paternité de la naissance et du lancement du mouvement des redresseurs. On peut comprendre cela par le fait que M.Hadjar n'a sans doute pas digéré les suites du coup d'Etat scientifique qui avait évincé M.Mehri. A l'époque, il avait roulé pour M. Boualem Benhamouda. Maintenant, il veut rouler pour lui-même. Son but est de prendre la direction du Fln -bis pour être aux premières loges et montrer à M. Bouteflika, ou à tout autre candidat que parrainera le FLN aux prochaines élections, que c'est lui qui l'a fait roi. Si l'on suit ce raisonnement, M. Hadjar ne cracherait pas sur un poste de chef du gouvernement, ce qui le placerait en pole position pour la présidentielles à venir. L'ambition, ça a cela de bon. C'est certainement pour couper l'herbe sous le pied de M.Hadjar que M.Belkhadem fait courir le bruit qu'il n'est pas intéressé par le poste de secrétaire général du FLN rénové, en laissant entendre que ce poste irait comme un gant à M.Amar Tou ou à quelqu'un d'autre comme M. Si Afif. Pendant ce temps, M.Barkat, ministre de l'Agriculture et l'un des ténors du mouvement, est en position d'observation. Si ces divergences restaient confinées aux bureaux feutrés de la coordination des redresseurs, cela ne prêterait sûrement pas à conséquence, mais c'est qu'elles déteignent sur la base qui ne sait plus sur quel pied danser. On chercherait à torpiller l'avenir du mouvement qu'on ne s'y prendrait pas autrement.