Le secrétaire général du FLN n'avait d'autre choix que d'accepter, la mort dans l'âme, le retour à la légalité de l'avant-dernier congrès. La décision d'Ali Benflis de réunir le comité central du parti FLN issu du 7e congrès tenu en 1999, après la victoire de ce parti aux législatives, si elle a surpris plus d'un et étonné d'autres, elle reste pour autant une carte maîtresse dans les mains de Benflis. Il faut convenir que cette carte, Benflis, l'a toujours bien cachée pour revenir en force le moment opportun. Coincé entre la tenaille de la justice qui a invalidé son 8e congrès et l'offensive du mouvement des redresseurs, récemment revigoré par la victoire de Bouteflika à l'élection présidentielle, le secrétaire général du FLN n'avait d'autre choix que d'accepter, la mort dans l'âme, le retour à la légalité de l'avant dernier congrès. Et c'est aussi une manière, espère encore Benflis, de rebondir sur la scène après son cuisant échec et les supputations faites à son sujet sur un éventuel retrait de toute activité politique. La majorité des membres du comité central lui est restée totalement acquise (on dénombre plus de 140 sur un total de 240 membres de cette structure intermédiaire) et n'a pas l'intention, nous dit-on, de trahir leur actuel secrétaire général. Son plus redoutable adversaire, Abdelkader Hadjar, l'ancien ambassadeur d'Algérie en Iran, a tenté de rallier à sa cause les membres de ce comité en leur proposant ni plus ni moins que de retirer leur confiance à Benflis, qui demeure à la tête du parti dans le but évident de l'affaiblir et de l'empêcher d'exercer ses prérogatives lui permettant de choisir la date, la composante du bureau provisoire qui aura à présider à cette session extraordinaire et enfin d'adresser des invitations aux personnalités exclues du parti, mais encore liées par un attachement politique sentimental. Des mastodontes de la politique comme Hamrouche, Ghozali, Taleb El Ibrahimi ou Abdelhamid Mehri, restent, quoi qu'on en dise, des personnes qui ont marqué l'histoire de ce parti et peuvent de ce point de vue apporter leur expérience dans la crise qui secoue le parti. Le secrétaire général du FLN qui a peut-être compris l'enjeu et l'opportunité d'un retour aux sources originelles du parti, tentera de «brouiller» les cartes de ses adversaires par «l'injection» de ces personnalités dans le comité central au titre de «personnalités historiques» au moment où ses adversaires tablent sur une «éventuelle soumission» due à la victoire de Bouteflika et l'effet dévastateur qu'elle ne manquera pas de provoquer dans les rangs des membres du comité central. La guerre actuelle qui se déroule pour le contrôle total du parti FLN n'est que le reflet de la bataille qui se joue en filigrane entre Bouteflika et Benflis sur la mainmise des institutions et leur prolongement sur la vie publique. Le président réélu, Abdelaziz Bouteflika, soucieux d'éviter une autre confrontation électorale au pays avec le risque d'une désaffection électorale et désireux en même temps de disposer d'une majorité absolue dans les travées de l'Assemblée nationale, mise sur une «domestication» sans grands frais du FLN, tandis que son rival Benflis, en voulant faire éviter au pays une «gestion personnelle» annonciatrice de lendemains incertains table sur un rééquilibrage des forces et en jouant le rôle de contre-pouvoir auquel il serait appelé. Cette partie d'échecs qui se joue graduellement entre les partisans de Benflis et ses opposants, va déborder du terrain partisan pour se poursuivre dans les coulisses de l'Assemblée nationale où l'on s'accorde tous à dire que les jours de son président Karim Younes sont désormais comptés. Le dauphin de Benflis, qui vient de rappeler par le biais d'un entretien à un quotidien son intention de rester coûte que coûte à son poste, n'envisage pas néanmoins une possible dissolution de l'APN si la partie ne penche pas en faveur des redresseurs. Cette décision que seul le président de la République peut envisager est devenue au fil des jours, une carte à «double tranchant» pour le cercle présidentiel qui redoute l'usage d'un trop-plein de recours aux urnes. Les responsables du mouvement des redresseurs n'ont d'autre alternative, aue soit de composer avec Ali Benflis qui mise sur l'usure soit d'engager une bataille de longue haleine dont il est quasiment impossible qu'il en sorte indemne.