Le duel entre Obama et Romney pour la Maison-Blanche se radicalise «On dirait que le gouverneur Romney a tendance à tirer d'abord et viser ensuite» a dit le président Obama après les accusations de «faiblesse» contre son administration du candidat républicain Mitt Romney. Barack Obama, tout en devant gérer les révoltes dans le monde arabo-musulman, s'est soigneusement démarqué de son adversaire Mitt Romney sur le thème de la politique étrangère, au moment où le président américain enregistrait une nette embellie dans les sondages. «On dirait que le gouverneur Romney a tendance à tirer d'abord et viser ensuite»: M.Obama a eu mercredi une réaction glaciale vis-à-vis du candidat républicain qui s'était emparé la veille d'un communiqué de l'ambassade des Etats-Unis au Caire pour accuser l'administration démocrate de faiblesse. «En tant que président (...) il est important de s'assurer que les déclarations que vous faites sont soutenues par les faits, et que vous avez pensé à toutes les conséquences avant de les prononcer», a poursuivi M.Obama, donnant une leçon de stature présidentielle à l'ancien gouverneur du Massachusetts. Ce dernier est revenu à la charge mercredi en estimant qu'il «n'est jamais trop tôt pour l'administration américaine pour condamner des attaques menées contre des Américains et pour défendre nos valeurs», mais cette critique a semblé déplacée alors que M.Obama incarnait le deuil du pays après la mort de quatre Américains dans l'attaque du consulat de Benghazi. Président et candidat, M.Obama continue à jouer son rôle de commandant en chef et a, à ce titre, participé vendredi à une cérémonie solennelle lors de l'arrivée aux Etats-Unis des cercueils des quatre Américains tués en Libye. Mais moins d'une heure plus tard, il retrouvait son équipe au siège du parti démocrate à Washington pour une séance de stratégie électorale. Et cette stratégie inclut de toute évidence de s'en prendre à M.Romney sur le thème des relations internationales. «On n'est peut-être pas prêt à la diplomatie avec Pékin si l'on ne peut pas se rendre aux Jeux olympiques sans insulter notre allié le plus proche», avait ainsi lancé M.Obama le 6 septembre lors de la convention démocrate qui venait de l'introniser. Au sujet de la Chine, l'équipe démocrate a accusé vendredi M.Romney d' «hypocrisie» après qu'il eut promis de faire en sorte que Pékin «respecte les règles» économiques, alors que selon l'allié de M.Obama Ted Strickland, M.Romney «a fait fortune en investissant dans des entreprises qui se spécialisent dans la délocalisation d'emplois en Chine». L'intervention de M.Strickland dans cette affaire était soigneusement calibrée: ce dernier occupait jusqu'en 2010 le poste de gouverneur de l'Ohio (nord), un Etat industriel que M.Romney doit impérativement remporter s'il veut garder des chances de ravir la Maison Blanche à M.Obama le 6 novembre. Or, les nouvelles cette semaine n'ont pas été bonnes pour le candidat républicain, qui accuse selon une enquête Wall Street Journal/NBC/Marist publiée jeudi soir pas moins de sept points de retard dans les intentions de vote sur le président dans l'Ohio, un chiffre préoccupant à moins de huit semaines de l'élection. Même si rien n'est encore joué, le même sondage concluait à une avance de cinq points de M.Obama en Floride (sud-est) et en Virginie (est), Etats décisifs qui, comme l'Ohio où M.Romney était vendredi, sont inlassablement arpentés par les deux candidats. M.Obama est ainsi attendu lundi dans l'Ohio et jeudi en Floride. Tous ces chiffres encourageants pour le président sortant semblent montrer que le coeur de la stratégie de M. Romney - s'en prendre sans relâche au bilan économique de M.Obama - peine jusqu'ici à convaincre les électeurs, malgré les chiffres de l'emploi médiocres publiés il y a une semaine. De fait, selon un sondage CBS/New York Times publié vendredi soir, les Américains font désormais davantage confiance à M.Obama qu'à M.Romney pour gérer les dossiers de l'économie et du chômage. Le républicain détenait jusqu'ici un large avantage sur le président sortant dans ce dossier, de loin le premier sujet de préoccupation des électeurs selon la même enquête.