La Maison Blanche a pour la première fois jeudi qualifié de «terroriste» l'attaque du 11 septembre contre le consulat américain de Benghazi au cours de laquelle l'ambassadeur en Libye a été tué, mais s'interrogeait toujours sur le niveau de préméditation de l'attaque. Alors que lundi l'ambassadrice américaine à l'ONU, Susan Rice, refusait de spéculer sur le caractère terroriste de l'attaque qui a coûté la vie à l'ambassadeur J. Christopher Stevens et trois autres Américains, arguant du manque d'informations, le porte-parole de la Maison-Blanche Jay Carney a franchi le pas jeudi. «D'évidence, ce qui s'est passé à Benghazi était une attaque terroriste», a déclaré M.Carney à bord de l'avion présidentiel Air Force One. Cette prise de position officielle après une semaine de déclarations parfois contradictoires semble indiquer que les Etats-Unis ont dans l'intervalle progressé dans l'enquête. Mercredi, le patron de la lutte antiterroriste des Etats-Unis avait déjà qualifié l'acte de «terroriste», mais assuré que l'attaque avait été menée «de manière opportuniste». Cette attaque, le jour anniversaire des attentats du 11-Septembre, avait initialement été mise sur le compte de manifestants en colère contre «L'Innocence des musulmans», un film amateur dénigrant le Prophète Mahomet (Qsssl) produit et réalisé aux Etats-Unis. Jeudi, la secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, le directeur national du renseignement (DNI) James Clapper et de hauts responsables du Pentagone ont détaillé à huis clos devant les élus de la Chambre des représentants puis les sénateurs les éléments en possession des Etats-Unis. A la sortie, l'influent sénateur républicain John McCain s'est dit «stupéfait qu'ils (les membres de l'Administration Obama, ndlr) aient pensé qu'il s'agissait d'une manifestation spontanée». «Il semble évident qu'il y a eu une organisation terroriste qui a eu au moins un rôle dans l'attaque, qui a inclus des mortiers et des roquettes RPG, ce qui n'est pas vraiment le cas lors de manifestations spontanées», a-t-il ironisé. Selon l'ancien candidat à la présidentielle, il est «possible» que des éléments d'Al Qaîda ou d'une organisation islamiste radicale aient pris part à l'attaque. La chaîne de télévision Fox News, citant des «sources des services de renseignements», a affirmé mercredi qu'un ancien détenu de Guantanamo, Sufyan Ben Qumu - transféré en Libye en 2007 et libéré un an plus tard - était impliqué dans l'opération. Cette affirmation «n'est pas corroborée», selon John McCain. Pour Adam Smith, un démocrate de la commission de la Défense de la Chambre, le nom de Ben Qumu a bien été évoqué lors de la réunion «mais pas en relation directe avec l'attaque». Sur le caractère spontané ou prémédité des événements du 11 septembre, l'Administration «n'a pas fait de conclusion», selon lui. «Il semble qu'il y ait eu une forme de planification mais il est difficile de dire à quand elle remonte. Ce n'est pas arrivé spontanément mais ce n'était pas bien préparé non plus, ils (les assaillants, ndlr) n'ont pas apporté de mortiers avant six ou sept heures» passées devant le consulat, a-t-il expliqué.