«Ton ami, fais-lui face, et ton ennemi mets-le de côté» Proverbe algérien Manuel Valls est décidément l'homme fort du moment en France. A la tête du ministère de l'Intérieur depuis l'arrivée de Hollande au pouvoir, il dicte et fixe les règles de l'image du pays, à travers des décisions qui nous rappelle un certain Nicolas Sarkozy. Comme lui, il est monté au sommet de la France via ce poste et aujourd'hui Valls est présenté comme le successeur potentiel du Premier ministre Jean-Marc Ayrault et probablement le candidat des socialistes aux présidentielles de 2017. Et pourtant, Manuel Valls a un sérieux problème avec deux questions essentielles du Monde arabe. La question de l'atteinte à l'image de l'Islam et la cause palestinienne. Manuel Valls s'est illustré depuis quelques années comme un adversaire acharné de ces deux questions, puisqu'il a interdit une marche de protestation contre la diffusion d'un film anti-Islam et interdit la projection d'un documentaire produit par France Ô et réalisé par un Algérien et un Egyptien sur la guerre à Ghaza. En effet, le 11 mars 2011, Manuel Valls, à l'époque député et maire d'Evry, avait interdit la projection du documentaire GazaStrophe, réalisé par l'Algérien Kheirdine Mabrouk et l'Egyptien Samir Abdallah. Et pourtant l'événement était organisé par le cinéma Les Cinoches, à l'initiative d'Evry-Palestine et de RiSolidarité Palestine, comités locaux de l'Association France Palestine Solidarité, et avec le soutien du Collectif Palestine Evry-Essonne, fort d'une trentaine d'associations, partis et syndicats. Mais comme cette salle de cinéma dépend de la Communauté d'Agglomération Evry Centre Essonne. Son président, qui n'est autre que Manuel Valls, a fait interdire le débat avec Samir Abdallah la veille de la projection. Cette annulation fait suite selon un communiqué de l'époque à des pressions exercées par Serfaty, membre du Crif et Thierry Mandon, maire de Ris-Orangis. Comme pour la marche de dénonciation d'un film anti-Islam hier, cette annulation est une très grave atteinte à la liberté d'expression. C'est la première fois en 30 ans qu'aux cinoches un réalisateur est empêché de venir débattre de son film. Samir Abdallah, le co-réalisateur, a vu sa parole confisquée. Plusieurs responsables politiques de l'Essonne avaient fait part, à l'époque de leur indignation. Jacques Picard, conseiller régional Ile de France, représentant Les Verts et Bruno Piriou, conseiller général PC de l'Essonne, se sont engagés à agir dans le cadre de leurs responsabilités politiques. Le communiqué précise aussi que depuis plusieurs décennies les habitants de Ris-Orangis et d'Evry ont eu de nombreuses occasions de débattre de l'évolution du conflit israélo-palestinien. Chacun a toujours pu s'exprimer librement et échanger sereinement sans qu'aucune violence n'ait été déplorée. En censurant ce film et en autorisant la diffusion du film anti-Islam sans qu'aucune dénonciation musulmane et arabe ne soit autorisée démontre une volonté d'autoritarisme de Manuel Valls, qui copie ou plagie certaines décisions proches du FN et de l'aile dure de l'UMP. [email protected]