“Le contenu social des contestations rappelle la situation prérévolutionnaire en Tunisie. Ce mouvement social vise à en finir avec la précarité. Il y a un refus de continuer à vivre comme avant”, estime-t-elle. Après de longs débats au sein du parti, le verdict est tombé : le Parti des travailleurs (PT) ira aux prochaines élections législatives, prévues au mois de mai prochain. Objectif : “aider le peuple à opérer la rupture, conférer à la prochaine assemblée un caractère constituant, laquelle définira les bases de la deuxième République”, justifie Louisa Hanoune. Dans le rapport sur la question des élections présenté hier au deuxième jour des travaux du comité central (CC) du parti, tenu à Alger, la porte-parole du PT a expliqué que la participation de sa formation au prochain scrutin “n'est pas une fin en soi”. “C'est un instrument. On a convenu que notre participation va aider la nation pour franchir une autre étape, pour dépasser l'épreuve politique actuelle”, a-t-elle dit. “Les élections, ce n'est pas une question de principe, mais de tactique. Parfois même, c'est stratégique”, a encore estimé Louisa Hanoune. Elle n'a pas caché son optimisme. “Nous participons pour être victorieux, car nous sommes le pôle qui incarne la recomposition politique.” Si le PT a pris la responsabilité de se jeter dans la bataille des élections, c'est essentiellement eu égard aux enjeux de l'heure, selon l'ex-candidate à l'élection présidentielle. Outre les pressions extérieures qui planent sur l'Algérie, il y a également le climat révolutionnaire qui prévaut, selon elle, dans plusieurs wilayas du pays. “Le contenu social des contestations rappelle la situation prérévolutionnaire en Tunisie. Ce mouvement social vise à en finir avec la précarité. Il y a un refus de continuer à vivre comme avant. En haut, on ne peut pas continuer à gouverner comme avant”, dit-elle. “Il y a un rejet des politiques adoptées par les dirigeants. Il y a des aspirations chez le peuple aux changements des institutions qui ont appliqué ces politiques”, observe-t-elle encore. Autres enjeux relevés par le CC : “montée révolutionnaire et contre révolution.” “Il y a une lutte entre recomposition et décomposition”, soutient Louisa Hanoune. Mettant en garde contre une éventuelle “fraude” car susceptible, à ses yeux, de mettre “en péril la nation et sa souveraineté”, l'ex-candidate à l'élection présidentielle a appelé les dirigeants à prendre des mesures pour garantir la transparence du scrutin. Parmi les priorités, selon elle, l'assèchement du vivier de la colère et de la misère. Outre le changement de l'encadrement des élections, il y a également le contrôle des finances de la campagne “pour qu'il n y ait pas de Qatar (pays réputé pour financer les mouvements islamistes) et le NDI (National Démocratic Institute)”, préconise-t-elle. Il y a aussi l'interdiction de listes indépendantes pour barrer la route aux affairistes. Dans ce contexte, le PT n'a pas dissimulé ses craintes : “Lorsqu'un Premier ministre parle de la future alliance et qu'un ministre d'Etat, secrétaire général d'un parti donne les scores du scrutin, il y a péril en la demeure”, affirme Louisa Hanoune. Convaincue du caractère décisif du prochain scrutin, elle a indiqué que le CC va discuter, au troisième jour de ses travaux, de la stratégie de campagne du parti et de la manière de décliner les résolutions du congrès tenu en 2010 relatives aux élections. Ainsi, d'ores et déjà, le CC a décidé de dynamiser les comités populaires “pour associer le peuple au débat sur la Constitution car la prochaine assemblée, en tout cas, aura un caractère constituant”, selon Hanoune. “Nous voulons aider le peuple à vaincre la décomposition politique”, a-t-elle conclu. Une conférence de presse est prévue aujourd'hui pour rendre compte des résolutions du CC. KK