L'ancien moudjahid, poète et conteur Un livre servi dans deux langues appropriées pour le roman écrit avec simplicité, derrière un paysage social souvent triste... Après son premier recueil de poème «Ide averkane- la nuit noire», «Agroudj n'issefra -trésor de poèmes» et «Avehri n'elghourba - la brise de la nostalgie», le poète Yahia Hadouche nous offre un nouvel ouvrage, une histoire conviviale «Le cheikh et ses sept filles» publié aux éditions El Amel. Publié dans les deux langues, tamazight et arabe, dans une sorte de conte social, Yahia Hadouche relate l'histoire d'une famille, ses joies et les difficultés qu'elle a traversées, les épreuves et les fêtes à travers lesquelles les maillons se nouent et se dénouent. Une histoire empreinte de poésie de «hikem» et de mystère, à l'ombre des mariages et des confidences. Avec un certain réalisme social conféré par ses traits, l'histoire du conteur Yahia Hadouche, commence dans un village de la Soummam. C'est celle d'un père qui a eu sept filles, mais qui n'a pas eu encore de fils, afin qu'il hérite de ses nombreuses terres et ses biens à profusion, fruits de son labeur acharné. Un livre qui traite d'amour, un amour entre deux étudiants à la passion inavouée et tourmentée, un livre qui traite de paternité, d'héritage et d'exil, entre terre, mer et la grande évasion vers l'Occident, plus exactement vers la France où l'un des personnages tentera un oubli impossible. Le thème de «La Ghorba» avait déjà été traité par l'auteur dans son ouvrage «Avehri n'elghourba» en abordant la nostalgie et le désir de tout quitter. «Le cheikh et ses sept filles» évoque également le mensonge et ses tentacules venimeuses qui se répandent, et à ce propos, il se peut aussi que Yahia Hadouche nous ait confié l'impossibilité de mener une double vie sans trahir les siens, sans trahir ses propres racines, ses proches et sa propre famille, et l'amour qu'on leur doit. Des promesses, des chemins abandonnés puis retrouvés, évoqués en 12 chapitres, avec une multitude de dialogues que l'auteur de «la nuit noire» maîtrise parfaitement, une trame parfois linéaire, sans grandes secousses au niveau du dénouement. Toutefois, sa lecture est aussi lisse et entraînante, en compagnie de personnages haut en couleur, tels qu'El Cheikh Amar, Ali, El Bachir et Louisa. Un livre servi dans deux langues, appropriées pour le roman, le tout avec simplicité, derrière un paysage social souvent triste, mais teinté aussi de sagesse et d'espoir. Yahia Hadouche est ancien moudjahid, poète en langue amazighe, il est né en 1926 à Ighil Ali (wilaya de Béjaïa) d'une famille de petits artisans. Parallèlement à sa lutte pour le pays, il écrit de la poésie. Dès son plus jeune âge, il s'engage dans la poésie, et parle d'amour et de Révolution algérienne.