L'auteur projette de publier un recueil des dix plus beaux poèmes de la poésie populaire arabe et amoureuse, à l'occasion de la Saint-Valentin. L'écrivain et éditeur Lazhari Labter était l'invité de la manifestation Echo de plumes qui entamait son entrée, samedi, au TNA. Il y a présenté son nouveau livre La Cuillère et autres petits riens, préfacé par Yasmina Khadra et sorti aux éditions françaises, Zelig. Les droits ont été achetés récemment en Algérie. La traduction en arabe est achevée. Le roman sera édité prochainement en tamazight, en plus de la version italienne. «Je ne suis pas là pour une conférence, mais pour un échange» a-t-il dit en substance. Evoquant son roman, Lazhari Labter dira qu'il a été écrit pour son père et sa mère. «C'est un roman dicté par un sentiment de culpabilité, car je n'ai pas pu leur dire je t'aime», et ce, à cause de l'éducation algérienne marquée par le conformisme et l'esprit de tabou. «Ce livre, je l'ai écrit pour leur dire que je les aime et je les aime toujours». A mi-chemin entre le réel et la fiction, nous apprend-on, ce livre commence par «Mon père raconte» autrement ses histoires et souvenirs...Labter qualifie son père dans son roman d'«homme qui restait debout et veillait à la répartition équitable de l'eau». Evoquant le titre du roman, l'auteur explique que «cuillère» est une référence à la cuillère retrouvée au fond d'une source d'eau, récupérée par son père avec laquelle il a mangé durant toute sa vie. Dorénavant, Labter fait pareil que son père jadis. «Chaque oeuvre démarre d'un rien et ce rien est unique. Reste à savoir comment transmettre ces choses-là? C'est avec le style, la maîtrise de la langue et la sincérité dans l'écriture». Evoquant son métier d'éditeur, Lazhari Labter relèvera le combat qu'il mène chaque jour pour affirmer son rôle dans la société car, dit-il, «j'ai toujours été fasciné par le livre depuis ma tendre enfance. Je suis fasciné par cet objet, comme si c'était un bijou», a-t-il ajouté. Quant à ses débuts qui remontent à cinq ans, Lazhari Labter fera remarquer qu'il avait commencé avec seulement 100.000 DA. «Je n'avais pas de dinars pour imprimer, aujourd'hui, je possède 50 titres en français et en arabe. Cette année, je ne pourrai pas publier de romans lourds alors j'ai opté pour la spécialisation dans la littérature de jeunesse moderne et la BD, mais de qualité.» Avouant son amour pour les mots, l'auteur dira qu'il «adore lire et lier». Revenant à son roman dans lequel on retrouve sa ville natale, Laghouat, il soulignera que c'est par tendresse et non par nostalgie qu'il en fait mention dans son livre. «Car la vie, jadis dans cette ville, était très dure et marcher dans cette région froide ne se faisait qu'avec des engelures aux pieds...» Des souvenirs amers qui l'ont marqué. Abordant ses projets, Lazhari Labter qui avouera aimer la poésie populaire algérienne dont Hizia dira qu'il compte sortir un recueil de dix poèmes qui s'illustrent comme les plus beaux textes de la poésie populaire amoureuse du XIXe siècle. Chaque poème sera accompagné d'une peinture. La publication de ce recueil, note-t-il coïncidera avec la fête de la Saint-Valentin. «J'aime ma femme Yasmina, je n'ai pas de honte à le dire, comme l'a fait Kateb Yacine avec Nedjma, c'est pourquoi j'ai écrit Yasmina ou les sept pierres de mon collier d'amour» (poésie, éditions Barzakh, 2001, Ndlr). Pour lui, l'amour individuel peut toucher à l'universel comme ce fut le cas dans Cent ans de solitude de Gabriel García Márquez «Partir du local, si l'histoire est bien traitée, on peut déboucher sur l'universel.» Outre, la poésie, Lazhari Labter regrettera le manque d'édition de textes concernant le théâtre en Algérie. «Ça ne suffit pas.» C'est par ces mots que notre auteur a achevé cette rencontre, avant d'observer une minute de silence en guise de recueillement à la mémoire de Tahar Ouettar, Larbi Zekkal, Arkoun, disparus récemment. A noter que Lazhari Labter est né le 8 janvier 1952 à Laghouat (Sud algérien). Il est poète et écrivain. Après avoir exercé de longues années le métier de journaliste, il se consacre aujourd'hui à l'édition et à l'écriture à Alger, où il vit et y travaille.