La mort de Houari Boumediene le 27 décembre 1978, a laissé un vide institutionnel à combler à tout prix. Après les quarante jours d'intérim assurés par l'ancien président de l'APN Rabah Bitat, il fallait à tout prix désigner le troisième président de l'Algérie indépendante. A l'époque, les rumeurs allaient bon train quant à celui qui pourrait remplacer Boumediene. Une tache difficile pour ceux chargés de trouver l'homme providentiel et surtout un lourd fardeau pour celui qui devait présider aux destinées du pays. On évoquait alors plusieurs noms de successeurs potentiels dont Mohamed Salah Yahiaoui. Mais, l'armée penchera plutôt du côté de Chadli Bendjedid, que l'on disait à l'époque désigné par feu Boumediene, lui-même, pour lui succéder. Ce qui sera démenti des années plus tard. C'est donc, comme à chaque fois, le parti du FLN qui, à l'issue d'un conclave avec les chefs de l'institution militaire, désigne Chadli comme seul successeur de Boumediene. C'est ainsi le 7 février 1979, que le nouveau locataire d'El Mouradia reçoit un appui populaire de 94% lors d'élections où il fut le candidat unique. C'était encore l'époque où le parti unique faisait et défaisait les présidents et hauts responsables du pays. Sur un autre chapitre, ce qui caractérise les treize années de règne de Chadli, c'est qu'il était à la fois président du FLN et chef de l'Etat. Ce qui l'exposait à une grande pression, aussi bien de l'opposition politique que de franges entières de la société algérienne, qui avaient soif de liberté et de démocratie. Pourtant, même si il continuait à ne reconnaître que le parti du FLN comme force politique représentative de tous les Algériens et que toute revendication d'ouverture politique serait synonyme de guerre ouverte contre le vieux parti, Chadli avait fait libérer le premier président de la République, Ahmed Ben Bella, emprisonné par Boumediene depuis le coup d'Etat de 1965. Il autorise le retour en Algérie des opposants historiques tels que Hocine Aït Ahmed et Bachir Boumaza. Mais, cela ne fut pas suffisant, puisque, une année après son investiture, il sera confronté à sa première épreuve, qui avait balisé l'ouverture au pluralisme politique. Il s'agit des événements du Printemps berbère du 20 Avril 1980. Réélu en 1984, en pleine crise économique, Chadli sera chassé du pouvoir deux années après avoir ouvert sous la pression de la rue le champ politique.