Le représentant du Front Polisario aux Nations Unies, Ahmed Boukhari, a affirmé mardi à New York que le Maroc avait démuni la MINURSO de son autorité et de sa crédibilité, tout en rappelant la suspension des négociations après la décision marocaine de mettre fin à sa coopération avec l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU, Christopher Ross. Intervenant au débat général de la 4ème Commission de l'ONU chargée des questions de décolonisation, M. Boukhari a souligné que "la MINURSO (Mission des Nations unies pour l'organisation du référendum au Sahara occidental) a été empêchée de mettre en œuvre son mandat", ajoutant que même si elle se trouve encore dans les territoires sahraouis occupés, elle est, toutefois, "forcée par le Maroc à y rester sans crédibilité et sans autorité". Pour s'en convaincre, a poursuivi le représentant sahraoui, "il suffit de lire le dernier rapport du secrétaire général de l'ONU adressé au Conseil de sécurité". Dans ce rapport, Ban Ki-moon avait dénoncé les obstacles posés par le Maroc à la MINURSO, en citant les "entraves" qui empêchent cette dernière d'accomplir pleinement sa mission et de s'acquitter de son mandat de "manière crédible" dans les territoires sahraouis occupés. "La MINURSO n'est pas dans la capacité d'exercer pleinement ses fonctions de surveillance de maintien de la paix et d'observation, et ne dispose pas de toute l'autorité lui permettant d'empêcher l'effritement" de son rôle, avait déploré le chef de l'ONU. M. Boukhari a rappelé, en outre, que les négociations que le Front Polisario avait menées avec le Maroc dans le cadre des réunions informelles, avaient été suspendues en raison du fait que la partie marocaine "a décidé, en mai dernier, de mettre fin à sa coopération avec l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU, Christopher Ross". Faisant allusion à certaines informations selon lesquelles le Maroc aurait fini par se résigner à accepter le maintien de Christopher Ross, le représentant sahraoui a indiqué : "Il est dit que le veto (marocain) a été annulé, mais il n'y a pas encore de preuve tangible qu'il l'a été". La dernière réunion informelle (9ème round) entre le Front Polisario et le Maroc avait eu lieu en mars dernier à Manhasset (New York). Par ailleurs, M. Boukhari a considéré que si "l'ONU est une partie essentielle de la solution d'un problème de décolonisation, il est évident que le Maroc est parvenu à faire d'elle une partie du problème et, plus grave encore, un problème pour elle-même". Pour le représentant sahraoui, "le Maroc s'invite à résoudre des problèmes au Moyen-Orient ou dans le Sahel, écran de fumée qui ne peut cacher toute cette réalité". Le Front Polisario, a-t-il poursuivi, s'est engagé à coopérer avec l'ONU pour rendre possible une "solution pacifique et honorable", mais "vingt années de tromperie marocaine, et la paralysie de l'ONU, ne peuvent qu'ébranler cet engagement". Le Maroc, a-t-il soutenu, "doit coopérer pour faciliter la tenue du référendum d'autodétermination en vertu de l'engagement qu'il avait pris". Les débats de la 4ème Commission de l'ONU sur les questions de décolonisation se tiennent du 8 au 15 octobre avec la participation d'Etats membres de l'ONU et de la société civile internationale. Ces débats seront suivis par l'adoption, entre autres, d'un projet de résolution sur la question du Sahara occidental, qui sera soumis à l'Assemblée générale de l'ONU en novembre ou décembre prochain.