Le conflit sanglant en Syrie est entré hier dans son 20e mois avec des combats acharnés entre rebelles et armée régulière à travers le pays, sans aucune issue en vue, et une crise ouverte avec le voisin turc. Le blocage reste entier, les Occidentaux favorables au départ du président Bachar Al Assad et la Russie qui le soutient ne parvenant pas à trouver un terrain d'entente, et les efforts de l'émissaire international Lakhdar Brahimi, en nouvelle tournée régionale, n'ayant toujours pas abouti. Les relations déjà exécrables entre la Turquie - qui soutient la rébellion - et le régime syrien se sont encore envenimés, les deux pays ayant fermé leur espace aérien aux vols civils. Dix-neuf mois après le début du conflit, déclenché par la répression d'une contestation populaire qui a été vite reprise en main par des groupes islamistes et de l'opposition armée, les combats ne cessent de faucher la vie de dizaines de personnes par jour, dont des femmes et des enfants, et de provoquer d'énormes destructions. L'opposition armée s'était emparée la 9 octobre de la ville stratégique de Maâret al-Noomane située sur la route reliant Damas à Alep, et a pu freiner l'acheminement des renforts militaires vers la métropole du Nord. Le blocage de son approvisionnement affaiblit l'armée qui peine déjà à faire face sur tous les fronts dans le pays. De plus selon des analystes, les troupes sont démoralisées après 19 mois de révolte, minées par les défections et privées de renforts. Au coeur d'Alep, l'armée a néanmoins repris dimanche le contrôle total de la mosquée historique des Omeyyades, selon une source militaire et une ONG. Human Rights Watch (HRW) a en outre accusé l'aviation syrienne, couramment utilisée dans le conflit, d'avoir largué des bombes à sous-munitions. Et le conflit risque de déborder. Anciens alliés, Ankara et Damas ont vu leurs relations s'envenimer après la mort de cinq civils turcs tués le 3 octobre par un obus syrien tombé dans un village turc à la frontière. La crise s'est encore aggravée après l'interception le 10 octobre par Ankara d'un avion de ligne syrien transportant, selon les autorités turques, des armes russes. Damas a démenti mais Moscou a reconnu que cet avion transportait du «matériel pour des stations radar» tout à fait «légal». Lors de la quatrième étape de sa tournée auprès des puissances régionales influentes dans le dossier, le médiateur Lakhdar Brahimi a eu hier des discussions avec les dirigeants irakiens des moyens de mettre fin au conflit, après avoir reçu une proposition «détaillée» de l'Iran. Evoquant l'ensemble des propositions faites par divers pays, M.Brahimi a dit espérer «que toutes ces idées s'organiseront au sein d'un projet capable de mettre fin au cauchemar du peuple syrien». Il avait souligné auparavant «l'urgence de trouver un moyen d'arrêter le bain de sang» en Syrie, où le conflit a fauché la vie. De son côté, le Conseil national syrien (CNS), principale instance de l'opposition en exil, va tenter lors d'une réunion hier au Qatar de surmonter ses divisions et son incapacité à imposer sa crédibilité.