Organisée par l'ambassade d'Autriche, la semaine culturelle autrichienne a bien débuté jeudi dernier. A l'entame de son programme, une conférence-promenade autour de Vienne «entre son architecture, sa culture et sa nature» animée au musée de Beaux-Arts d'Alger par Mme Lisa Fischer, écrivaine, historienne et journaliste autrichienne qui en est à sa deuxième visite en Algérie. Dans l'enceinte de la bibliothèque, ce sanctuaire des connaissances du musée, Mme Fischer nous racontait en cet après-midi hivernal la richesse culturelle et humaine de ce beau pays entre passé et présent. Célèbre entre autres pour ses musiciens tels que Mozart, Schubert, Beethoven, son opéra de Vienne, de ses peintres à l'instar de Christophe Klimt et Egon Shiele, sa belle église Sainte-Etienne et son style gothique, qui tend à atteindre le ciel, son fleuve, le Danube, ses valses, ses ancêtres les Celtes mais aussi ses bistrots appelés «Holigans». Des cafés où l'on boit plusieurs sortes de café et où l'on discute politique et art. En Autriche, on célèbre aussi la vigne et la joie en musique. Sa musique folklorique fait appel à ces trois instruments : la guitare, l'harmonica et le violon. «L'architecture est devenue un outil politique, le miroir d'une époque», affirme l'historienne. L'Autriche est caractérisée en effet par son régime autoritaire et le style baroque est souvent considéré comme l'incarnation du génie autrichien. Contrairement aux apparences, l'Autriche est ouverte aujourd'hui sur l'universalité et ce sont plus les qui incitent au développement du pays et à la modernité à l'instar de Elfriede Jelinek, une comédienne réputée en Autriche. 19 nationalités et non des moindres y cohabitent en toute harmonie. Et l'Autriche contemporaine peut s'enorgueillir aujourd'hui de posséder d'excellents musiciens en jazz à l'image de Bertl Muetter et Christoph Cech, l'un tromboniste et l'autre pianiste qui se sont produits dans la soirée de jeudi à la salle Ibn Zeydoun de Riadh El-Feth. On ne s'attendait réellement pas à une telle prestation. Le pianiste nous tournait le dos certes mais l'ombre de ses doigts qui se réfléchissaient sur le devant du piano nous renvoyait du coup toute l'exactitude de son enchaînement mélodique. Le tromboniste quant à lui, un «animal» du son, ne se contentait pas de souffler dans un instrument mais accompagnait l'ensemble d'un son guttural qu'il glissait en boucle. Joueur dans l'âme, Bertl étale son humour sur scène. Excellent musicien imprévisible, le tromboniste fait rappeler à notre mémoire les bruissements de la jungle ou encore son langage. On sent en outre l'influence de l'Afrique. La mélancolie est également présente lorsque le rythme se fait doux. Mais imprévisible, les deux musiciens nous surprennent carrément lorsque en «conversation» l'un transforme les cordes de son piano en percussion et l'autre jaillit de sa voix aiguë puis grave des scats et crachements à n'en pas finir. Ce Bertl Muetter est un monstre sur scène. Ce concert à rebondissements est le résultat d'un travail intelligent qui a «soufflé» le chaud et le froid dans des sonorités germaniques et africaines. Les croiser a donné naissance à de belles improvisations. Le duo se produira de nouveau aujourd'hui à Oran. Quant à Bertl Muetter, il sera le 15 décembre à Constantine dans le cadre d'un workshop avec un luthiste du malouf constantinois, à l'issue duquel naîtra assurément de surprenante fusion. Un agréable enrichissement mutuel. Une rencontre culturelle organisée par Colombine Films.