L'organisation de Ben Ladenest devenue un vaste «fourre-tout» dans lequel on peut trouver place pour n'importe qui. L'arrestation, il y a quelques jours, de l'Algérien Abderezak Mehdjoubi par les autorités germaniques et qui a été accusé de préparer des kamikazes pour les lancer en Irak contre les troupes anglo-américaines, a été médiatisée à outrance par la presse occidentale. Cet Algérien de 30 ans, réputé être un des chefs d'Al-Qaîda, est un «djihadiste convaincu» de la nouvelle nébuleuse de l'islamisme algérien post-GIA et il est un des continuateurs de la «tradition algérienne», vivier par excellence et pour de fonds de l'internationale djihadiste. L'épopée Bouyali qui, entre 1981 et 1987 a mis à rude épreuve les forces de sécurité, n'a pas été déterminante dans cette ouverture des djihadistes algériens. Au contraire, le groupe Bouyali resta profondément attaché à un djihad local, «à l'algérienne» et même plus tard, lorsque naquit le GIA ou le MEI, les Abdelkader Chabouti, Meliani Mansouri, Azzedine Bâa, Saïd Mekhloufi ou Abdelkader Hattab restèrent dans la conception d'une guérilla locale non-transnationale. Le contexte de 1980-90, très favorable au plan international, à l'émergence d'un islamisme pur et dur, grâce à la révolution de Khomeïney et à la guerre soviéto-afghane, a été le «sculpteur» de ces «nouveaux Guevara verts», sorte de redresseurs de torts, rédempteurs de foules, qui, s'appuyant sur une exégèse coranique nominaliste et rigoureuse, vont passer de pays en pays prêter main forte aux djihadistes locaux. Ainsi est née l'internationaliste islamiste à la fin des années 1980. Sous l'égide de la ligue islamique mondiale, l'Organisation mondiale du secours islamique a recruté, entraîné et financé 20.000 combattants arabes et musulmans, dont 800 à 1200 Algériens. Boudjemaâ Bounouna et Kamareddine Kherbane, cofondateurs de l'Human Concern International (HCI) prennent en charge les Algériens afghans, les aident à regagner le pays ou à passer en Bosnie-Herzégovine pour perpétuer le djihad, le financement étant à la charge de richissimes hommes d'affaires ou de notables des pays du Golfe. Lorsque la déroute soviétique devint évidente, Oussama Ben laden soutenu jusque-là par les services spéciaux américains, créa Al Qaîda. Au premier cercle des membres fondateurs et des dirigeants de l'organisation, on retrouve Qari Saïd, l'un des premiers Algériens à rejoindre, en 1984, le djihad afghan. C'est lui qui donna à l'Algérie le premier, une notoriété au sein d'Al-Qaîda.