Cet accord a été obtenu avec l'appui des diplomaties américaine et française. Une source diplomatique a révélé à L'Expression que les négociations autour de la livraison de Abderezak El-Para aux autorités algériennes sont en passe d'aboutir. Notre source précise que les tractations ne concernent pas le principe de l'extradition qui, lui, est largement acquis. Le problème rencontré par l'Algérie est d'ordre diplomatique. Les autorités centrales ne veulent pas négocier avec un mouvement rebelle, non reconnu par le pouvoir tchadien. Aussi, avec l'accord de N'Djamena, il a été convenu que Abderezak El-Para soit livré par le Niger, histoire de contourner l'obstacle juridico-diplomatique. La même source a indiqué à L'Expression que cet accord a été obtenu en concertation avec les gouvernements tchadien et nigérien mais également grâce aux interventions des diplomaties américaine et française. Le prisonnier du Mouvement pour la démocratie et la justice au Tchad (Mdjt) est manifestement une trop grande prise qui n'intéresse pas que l'Algérie. El Para peut effectivement révéler de précieuses informations sur les réseaux du GSPC établi en France, ainsi que sur les connections entre l'organisation terroriste algérienne et le réseau Al-Qaîda d'Oussama Ben Laden. Le résultat auquel sont parvenus des négociateurs algériens est tributaire, dit-on de même source, d'une normalisation de la situation politico-sécuritaire au Tchad. En effet, dans le sillage des discussions qui ont abouti à la solution préconisée, le gouvernement tchadien et la rébellion ont posé quelques conditions, ce qui a amené toutes les parties concernées par les négociations à trouver un début de réglement politique au conflit interne au Tchad. Aussi, évoque-t-on l'ouverture dans un futur proche, de négociations autour de la situation dans ce pays, avec le ferme espoir, affirme-t-on, de trouver une solution finale à la rébellion. Cela dit, le plus important pour Alger, Paris et Washington est d'avoir pu trouver le moyen d'extrader le terroriste sans enfreindre le droit international. Cela dit, cette victoire est d'abord celle de l'Algérie dont toutes les parties ont reconnu le droit de récupérer El-Para, ce qui n'était pas évident, il y a quelques années, pour d'autres terroristes, condamnés en Algérie et vivant dans des pays européens. Mais au-delà de cet aspect des choses, il y a lieu de relever le puits d'informations qu'est Abderezak El Para. Ce dernier, on s'en doute, intéresse autant les services de renseignement algériens que la CIA et la Dgse. Personnage central de l'organisation terroriste la mieux structurée d'Algérie, le captif du Mdjt est à même de faire des révélations fort intéressantes sur les réseaux du Gspc en Europe. De plus et ayant été en contact avec de hauts responsables d'Al-Qaîda, El-Para constitue une prise de choix pour la CIA pour débusquer certains personnages clé de l'organisation d'Oussama Ben Laden qui opèrent un peu partout dans le monde. Cela dit, les Américains, autant que les Algériens, sont également intéressés par les ramifications africaines d'Al-Qaîda que le Gspc avait commencé à mettre en place, grâce notamment à l'argent de la rançon payée par le gouvernement allemand pour obtenir la libération des touristes pris en otage par le groupe de Abderezak El-Para. A ce propos, notre source révèle que le Pentagone attend avec impatience le résultat de l'interrogatoire du terroriste pour adapter le plan Sahel américain aux données que fournira le prisonnier quant au niveau d'implantation des éléments du Gspc en Afrique. Une information d'ailleurs très attendue par l'ensemble des pays du Sahel, actuellement tous engagés dans la lutte contre l'implantation d'Al-Qaîda dans cette région du continent. Mais pour ce qui concerne l'Algérie, l'extradition du terroriste est d'une importance capitale pour connaître les zones de repli et les bases du Gspc dans le nord du pays. En effet, ancien bras droit de Hassane Hattab, El Para est sans doute détenteur d'informations très importantes qui mèneront les services de sécurité à en finir radicalement avec le phénomène terroriste en Algérie.