Demain, le président sortant et son challenger républicain auront l'occasion, lors de leur troisième débat présidentiel axé sur la politique étrangère des Etats-Unis, de prendre option. Après avoir observé une courte trêve humoristique jeudi soir à New York, Barack Obama est monté d'un ton dans ses attaques contre Mitt Romney en dénonçant sa «Romnésie», façon de moquer l'opportunisme du républicain avant le dernier débat de demain. Barack Obama a inauguré sa nouvelle pique sur un campus universitaire de Virginie (est), sur un thème familier: le recentrage récent de Mitt Romney, après une campagne très conservatrice en début d'année lors des primaires républicaines. «Monsieur Conservateur veut que vous pensiez qu'il était en train de plaisanter à propos de tout ce qu'il a dit l'année passée», a lancé M. Obama. «Il nous faut donner un nom à cette maladie dont il souffre. Je pense que ça s'appelle la Romnésie!», a-t-il ajouté, déclenchant une explosion de rires dans le public et un déluge de commentaires sur Twitter. Le démocrate accuse depuis 15 jours son adversaire d'avoir adouci ou changé son message sur plusieurs questions de société, dont l'accès à la contraception, l'égalité salariale entre hommes et femmes et le droit à l'avortement, pour mieux courtiser le vote des femmes à moins de trois semaines du scrutin du 6 novembre. Le président est ensuite parti peu après la résidence présidentielle de camp David (Maryland, est) avec ses plus proches conseillers pour préparer le débat pendant le week-end. La rencontre de demain soir, à Boca Raton, en Floride (sud-est) sera consacrée à la politique étrangère et à la sécurité nationale. Mitt Romney a quant à lui passé une partie de vendredi dans un hôtel du centre de New York, avant de s'envoler pour la Floride, où il est arrivé en début de soirée vendredi et où il terminera la journée par une grande réunion électorale sur la plage de Daytona Beach, sur la côte Atlantique. «Je suis heureux d'avoir pu bavarder avec le président ce soir comme si mardi n'était jamais arrivé!», avait plaisanté jeudi M. Romney face à son adversaire démocrate, lors d'un dîner caritatif organisé à New York, une allusion à la férocité de leurs échanges lors du deuxième débat présidentiel. La course semble plus serrée que jamais, les sondeurs annonçant des résultats contradictoires: Barack Obama devance en effet Mitt Romney de trois points dans l'enquête ABC News/Washington Post publiée jeudi, tandis que le sondage Gallup place le républicain en tête de six points. Dans les Etats clés, l'avance du président reste inégale. Un sondage Fox News donnait Mitt Romney à 48% contre 45% pour Barack Obama dans l'Etat crucial de Floride, mais CNN les y montrait à quasi-égalité (49% contre 48%, un écart inférieur à la marge d'erreur). Dans l'Ohio, Obama mène de trois petits points avec 46% des intentions de vote, selon le sondage Fox News. Le vote anticipé fait l'objet de toutes les attentions des candidats. En 2008, environ 30% des électeurs avaient voté avant le jour officiel de l'élection, et les experts s'attendent cette année à ce que le record soit largement battu. Plus de 2,8 millions d'Américains ont déjà voté, selon des chiffres officiels compilés vendredi par Michael McDonald, expert du vote anticipé à l'Université George Mason. Ces bulletins, envoyés par correspondance ou insérés dans des urnes dans des bureaux de vote déjà ouverts, ne seront pas dépouillés avant le 6 novembre mais les démocrates sont plus nombreux à avoir participé à ce jour. Jeremy Bird, responsable des opérations de terrain de la campagne Obama, rappelle que quatre sondages indiquent qu'une majorité des électeurs ayant déjà voté ont choisi un bulletin démocrate. Le parti républicain vante de son côté des chiffres favorables en Caroline du Nord. L'appel au vote est devenu un refrain des discours du président sortant. Il votera lui-même le 25 octobre dans son ancien fief de Chicago (Illinois, nord).