Il faut travailler un mois entier et passer deux jours à la poste pour toucher son salaire, ironisent les clients. A quatre jours de l'Aïd El Kébir, une grande pression a été constatée sur les bureaux de poste de la wilaya de Béjaïa. La coïncidence avec le versement des retraites et la proximité de la fête de l'Aïd ont bouleversé la situation dans la totalité des bureaux de poste de la wilaya. Que ce soit à Béjaïa ou dans d'autres grands centres urbains le personnel d'Algérie-Poste paraît dépassé par l'ampleur de la demande. Quels que soient les efforts fournis par les employés, la situation n'était pas facile à maitriser. Tout le monde veut ses sous et lorsque la médiocrité récurrente de la connexion et du réseau informatique s'invitent, la situation se complique et vire vers des tensions. La connexion était hier à l'origine du ralentissement des chaînes au niveau de toutes les postes. Une connexion qui bloque autant les agents que les citoyens, lesquels perdent ainsi des journées à attendre avant de pouvoir retirer leur argent. Ils forment des chaînes interminables qui vont bien au delà des portails d'entrée des structures postales. Par ailleurs, le manque de liquidités s'est lui aussi invité dans les bureaux de poste des régions rurales. Déjà mal alimentés, ces bureaux sont aussi pris d'assaut par les clients d'Algérie-Poste en quête de liquidité, pour faire face aux impératifs de l'Aïd. Une situation tout à fait normal dans un pays où l'usage du chèque et de cartes magnétiques est encore à son balbutiement. Conséquence, la souffrance touche aussi bien les clients que les préposés. Des dizaines de personnes âgées, mères ou pères de famille, stationnées durant des heures devant les guichets. «Je dois avoir de l'argent pour acheter des vêtements à mes enfants», a affirmé ce père en colère au bureau de poste «Liberté» de Béjaïa. Un fonctionnaire a lui aussi dénoncé ces conditions. «C'est une honte de vivre pareille situation en 2012. Je suis vraiment coincé entre mon travail et le retrait de mon argent». C'est comme ça. Il faut travailler un mois entier et passer deux jours à la poste pour toucher son salaire. «drôle de vie», ironise ce client rencontré au bureau de poste de Sidi Aich, datant de l'époque colonial alors que la ville s'est démultipliée par dix. La surcharge a été remarquée même sur les distributeurs automatiques installés au niveau de certains bureaux de poste, et dont certains sont en panne en raison d'une surexploitation ou encore d'un manque de billets. De leur côté, les agents des guichets demandent aux clients d'être patients face à une situation exceptionnelle, qui ne durera pas longtemps. «Nous travaillons très dur et nous n'arrivons vraiment pas à répondre à l'attente de ce nombre important d'usagers qui augmente chaque jour, particulièrement avec l'approche de l'Aïd», a affirmé un employé d'un bureau de poste de la ville d'El Kseur.