La grande affluence des citoyens sur les bureaux de poste, à quelques jours de la fête du sacrifice, a mis à nu les tares des prestations postales. Pannes récurrentes et prolongées du réseau informatique, manque de personnel préposé aux guichets pour le paiement des citoyens, rupture d'approvisionnement en liquidités dans de nombreux bureaux de poste, chèques guichet introuvables..., autant de tracas rencontrés par les détenteurs de comptes courants postaux (CCP). A l'intérieur de ce bureau de poste à Oran, une foule compacte s'est agglutinée depuis les premières heures de la matinée pour la perception de leurs salaires. Des files interminables de vieux, de jeunes et de femmes se prolongent jusqu'à l'extérieur du bureau de poste. Les citoyens s'impatientent. De nombreux citoyens n'hésitent pas à montrer leur mécontentement en s'adressant directement au receveur. «Un seul agent est chargé dans ce bureau du paiement des chèques CCP, alors que les autres se tournent les pouces sans rien faire !», s'exclame cet homme. Un autre de s'interroger: «Où sont les fameux guichets uniques promis par la poste ?». Au fur et à mesure que le temps passe, les esprits s'échauffent parmi les citoyens. «J'ai laissé mon travail pour venir ici. Chaque mois, c'est la même chose», regrette ce jeune homme. La colère monte subitement après que le préposé du guichet annonce une panne du réseau informatique. «Patientez un peu. Nous allons régler ce problème», rassure l'employé de la poste. Du côté des clients, ces assurances ne semblent aucunement apaiser la colère. «Ces pannes informatiques intempestives et prolongées sont devenues fréquentes, surtout quand il y a une grande affluence des usagers. Le réseau informatique donne de plus en plus la nette impression d'être saturé», affirme ce père de famille. Certains citoyens, en colère, vont jusqu'à accuser le préposé au guichet de préméditer cette panne informatique. Après une longue et pénible chaîne devant le guichet, nombreux sont ceux qui ont dû récupérer leurs chèques et repartir sans pouvoir retirer leur argent. La scène se reproduit régulièrement dans les autres bureaux de poste. Les pannes informatiques intempestives et récurrentes ne sont pas le seul cauchemar des usagers. Il y aussi le problème du manque de liquidités, tant aux guichets qu'au niveau des distributeurs de billets. Ce jeune homme qui s'est pointé à 9 h du matin dans un autre bureau de poste situé à la corniche oranaise a été surpris par la réponse de l'agent de la poste. « Il n'y a pas d'argent. Revenez une autre fois », lance sèchement le préposé au guichet. L'avènement de l'Aïd El-Adha, qui coïncide cette année avec la troisième semaine du mois, a contraint les entreprises et administrations publiques et privées à faire précocement, à titre exceptionnel, les virements des salaires pour permettre à leurs employés de faire face aux dépenses engendrées par cette fête. Un état de fait qui a provoqué une hausse substantielle, trois à quatre fois plus, des transactions des services des CCP que la normale. Il en va de même dans de nombreuses villes du pays. Ainsi, à El-Tarf, le rush des citoyens sur les postes et les banques est constaté depuis plusieurs jours. Dépense obligatoire et pas des moindres pour l'achat du mouton de l'Aïd, les bureaux d'Algérie Poste et les banques se trouvant un peu partout à travers le territoire de la wilaya ont été pris d'assaut en ces journées de lundi et mardi par les retraités, employés et autres corps de sécurité venus racler ce qu'ils ont comme argent. A Dréan comme au chef-lieu de wilaya El-Tarf, les bureaux de poste se sont avérés exigus pour contenir tant de monde contraint de faire la chaîne tant pour les hommes que pour les femmes jusqu'à déborder à l'extérieur. Les receveurs, pour parer au plus pressé, ont dû renforcer le personnel au niveau des guichets, non sans faire marcher le maximum de visionneurs. Quant aux banques, à l'image de la BADR à Dréan, on a dû carrément fermer momentanément la porte et faire entrer les usagers au fur et à mesure que d'autres sortaient. Et, contrairement aux scènes habituelles en pareille circonstance, où les uns et les autres s'emportent ou s'énervent pour une raison ou une autre et le fait d'être à court d'argent, les choses, comme nous avons pu le constater, se déroulent le plus normalement du monde. Dans les banques des autres régions du pays, malgré le flux des clients et des interruptions momentanées, de nombreux citoyens ont pu encaisser leurs chèques et appréhendent l'Aïd avec plus de sérénité.